Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, promet d'intervenir d'ici quelques jours à Droits et Démocratie, un organisme secoué par une crise majeure.

M. Cannon n'explique pas cependant pourquoi il ne s'est pas mêlé de cette affaire plus tôt même si son ministère savait, depuis mars, que les choses n'allaient plus dans cette organisation non-gouvernementale (ONG).

Le groupe, géré par un président et un conseil d'administration nommés par Ottawa, est secoué depuis la mort de son président Rémy Beauregard le mois dernier. Ce décès a été suivi par une série de révélations sur les agissements de certains membres du conseil, accusés d'avoir harcelé M. Beauregard et de mener une campagne contre tout groupe qui critique Israël.

M. Beauregard est mort d'une crise cardiaque quelques heures après une réunion particulièrement houleuse du conseil d'administration.

Le magazine Maclean's révèle, dans son édition de cette semaine, que le président du conseil d'administration de l'ONG, Aurel Braun, a fait parvenir au ministère des Affaires étrangères, en mars dernier, un rapport se plaignant du travail de M. Beauregard.

Dans ce rapport et dans des notes l'accompagnant, M. Braun reproche à M. Beauregard, entre autres, de n'avoir aucun employé juif aux bureaux montréalais de l'organisme. Un autre membre du conseil d'administration, Jacques Gauthier, l'accuse faussement d'avoir été en contact avec des membres du Hamas et du Hezbollah lors d'un voyage au Caire en 2008.

Le ministre Cannon n'a pas voulu dire, à l'occasion d'un point de presse jeudi dans ses bureaux, ce qu'il a fait de ce rapport ni quelle réponse il a donnée à M. Beauregard qui s'en est plaint directement à lui, en novembre, deux mois avant sa mort.

Il se contente de dire qu'il a rencontré M. Braun la semaine dernière et que son sous-ministre a obtenu la version des employés de Droits et Démocratie, dont trois d'entre eux ont été suspendus après s'être plaint des actes de M. Braun. Résultat: «D'ici quelques jours, je m'attends à poser des gestes précis quant aux mesures et quant à l'action qui devraient suivre», promet le ministre.

La dernière mesure que le ministre Cannon a prise concernant cette organisation, remonte à novembre dernier, 10 jours après avoir reçu la lettre de M. Beauregard lui demandant d'intervenir parce que «cette situation ne peut plus durer» et parce que cela «pourrait devenir une situation embarrassante pour le gouvernement».

Le ministre a alors nommé deux membres au conseil d'administration, sympathiques à M. Braun: David Matas, ex-avocat du B'Nai Brith et Michael Van Pelt qui dirige un groupe de réflexion chrétien.

La nouvelle composition du conseil d'administration a permis de couper les fonds à des ONG qui ont critiqué Israël et qui recevaient, jusque là, des subventions de Droits et Démocratie. Trois de ces victimes de la nouvelle orientation de l'organisme sont B'Tselem, un groupe israélien des droits de la personne ainsi que deux groupes palestiniens: Al-Haq et Al-Mezan.

Une cinquantaine d'ONG israéliennes, palestiniennes, américaines et européennes sont venues à la défense de ces trois groupes. Dans une lettre ouverte publiée au début du mois, ces ONG écrivent que «la campagne diffamatoire publique entreprise par le conseil d'administration de Droits et Démocratie équivaut à un appel à arrêter toute avancée en matière de respect et de protection des droits de la personne dans les territoires palestiniens.»

De son côté, la semaine dernière, le ministre Cannon assurait qu'«il n'y a absolument pas de mot d'ordre» au sein de son gouvernement pour couper les vivres aux organismes qui critiquent Israël.