Le ministre Christian Paradis jure qu'il ne savait rien des tentatives d'un de ses employés politiques de bloquer une demande d'accès à l'information.

Il met le blâme entier sur un employé qui, dit-il, a admis son erreur de jugement et qui, pour toute punition, perd la responsabilité de gérer les demandes d'accès à l'information pour le ministre.

Lundi, La Presse Canadienne a révélé cette affaire qui pousse l'opposition à accuser le gouvernement Harper d'ingérence politique et de tentative de contrôle de l'information.

La Presse Canadienne avait demandé, en vertu de la loi d'accès à l'information, un document sur l'utilisation des immeubles fédéraux, alors que M. Paradis était ministre des Travaux publics. Alors que le document était sur le point d'être envoyé, un employé politique, le directeur des affaires parlementaires Sébastien Togneri, a ordonné qu'on l'intercepte.

«Je ne m'explique pas pourquoi, dit, tout penaud, le ministre Paradis, interrogé aux abords du parlement. Il me dit que c'est une erreur de jugement.»

Cette erreur ne mène pas au renvoi de M. Togneri qui occupe toujours le même poste auprès du ministre passé, depuis, aux Ressources naturelles. «Tout d'abord, tout le monde a le droit à l'erreur», clame le ministre qui vante les «compétences parlementaires exceptionnelles» de son employé. Et puis, «il a une version des faits. Je lui ai dit «tu vas la soumettre à la commissaire à l'information».

Le ministre refuse de dire quelle est cette version parce qu'il «y a une enquête (de la commissaire à l'information) qui est en cours». Mais il s'empresse de répéter qu'il n'est pas impliqué: «Moi, je n'ai absolument pas d'affaire dans ça!»

L'opposition s'est saisie de cette histoire pour rappeler le bilan peu reluisant du gouvernement Harper en matière de transparence. Les délais des réponses aux demandes d'accès à l'information s'éternisent depuis que les conservateurs sont au pouvoir.

«Il y a une politique d'information qui remonte au bureau du premier ministre qui essaie de donner aux Canadiens le moins d'information possible, qui essaie de façon délibérée de donner aux médias le moins d'information possible, qui essaie de donner aux parlementaires le moins d'information possible», martèle le chef libéral Michael Ignatieff.

Le ministre Paradis n'arrive pas à défendre le bilan de son gouvernement. «Non, mais je peux vous parler de moi, plaide-t-il en défendant son bilan personnel. Il y a eu beaucoup d'améliorations à Travaux publics (...) 95 pour cent des demandes (d'accès à l'information) qui sont livrées dans les 30 jours.»

De leur côté, les néo-démocrates croient avoir la preuve que la même ingérence politique qui a fait courir un employé des Travaux publics jusqu'au bureau de poste pour arrêter l'enveloppe destinée à La Presse Canadienne est à l'oeuvre dans l'affaires des détenus afghans.

Brandissant deux documents en conférence de presse, M. Layton a affirmé que c'était là deux versions du même rapport du diplomate Richard Colvin, l'une déposée par le gouvernement à la Commission des plaintes contre la police militaire, l'autre - beaucoup plus censurée - obtenue par le NPD en vertu de la loi d'accès à l'information.

Le Nouveau Parti Démocratique réclame donc qu'on enquête aussi sur la censure des rapports de M. Colvin, tout comme on enquête sur l'affaire du ministre Paradis.

Le gouvernement Harper a toujours maintenu que la censure est ordonnée par des avocats, pour des raisons de sécurité, et que jamais le pouvoir politique ne s'en mêle.