Le conseil de bande de Kanesatake, près d'Oka, demande au gouvernement fédéral d'acheter le terrain de la Financière Norfolk, en bordure de la route 344, afin d'éviter une dispute territoriale semblable à celle qui avait mené à la crise d'Oka en 1990.

Dans un communiqué publié hier, le grand chef de Kanesatake, Sohenrise Paul Nicholas, a fait savoir que les Mohawks «ne veulent pas d'une deuxième crise d'Oka» et a invité les gouvernements provincial et fédéral à reprendre, une fois de plus, les négociations visant le règlement des revendications territoriales de Kanesatake.

 

«J'ose croire que les autorités gouvernementales ont appris de la crise de 1990 et que, 20 ans plus tard, on pourra régler nos différends une fois pour toutes pour que de tels événements ne se reproduisent plus», a affirmé M. Nicholas.

La crise de 1990

En 1990, une dispute relativement banale à propos d'un projet de condos et d'agrandissement golf sur des terrains voisins de Kanesatake avait dégénéré en conflit armé.

Ironiquement, ces terrains étaient situés en bordure de la route 344, juste en face du terrain de la société Norfolk qui soulève actuellement la contestation. Comme à l'époque, les terrains en litige sont clairement situés dans le territoire de la municipalité d'Oka et leurs propriétaires peuvent en faire ce qu'ils veulent.

Les Mohawks de Kanesatake estiment toutefois que ces terrains, comme d'ailleurs l'ensemble du territoire de l'ancienne seigneurie des Deux-Montagnes, font partie de leurs terres ancestrales.

Le 18 janvier dernier, des Mohawks ont forcé une équipe de travailleurs embauchés par Norfolk à fermer un chantier et à quitter le terrain. Ils ont annoncé au propriétaire qu'aucun lotissement n'irait de l'avant sur ces terres.

Dans un entretien avec La Presse hier, le porte-parole de Norfolk, Norman Ducharme, a affirmé que l'entreprise n'avait pas l'intention d'attiser le feu. «Il vaut mieux laisser retomber la poussière un peu», a-t-il dit.

M. Ducharme a toutefois tenu à préciser que les démarches pour obtenir les autorisations de la municipalité d'Oka et procéder au lotissement du terrain vont se poursuivre. Norfolk estime que le lot actuel pourrait accueillir trois maisons.

«Mais le plus pressant en ce moment, a-t-il insisté, ce sont les trois arbres qu'il faut couper. L'équipe que nous avions envoyée à Oka était là pour tailler trois arbres brisés qui menacent de tomber sur la maison voisine de notre terrain. Ça, c'est notre responsabilité, et si le conseil ne nous autorise pas à le faire, nous voulons que quelqu'un d'autre le fasse parce que c'est dangereux.»

M. Ducharme a déclaré que l'entreprise pourrait intenter des recours pour forcer la municipalité d'Oka à délivrer les permis de lotissement. Norfolk songe aussi à enjoindre au ministère de la Sécurité publique du Québec, responsable de la sécurité civile, de faire réaliser les travaux jugés nécessaires pour la sécurité des voisins de Norfolk.

À plus long terme, si toute mise en valeur de sa propriété était impossible, M. Ducharme a précisé que Norfolk pourrait poursuivre le gouvernement fédéral en sa qualité de responsable des relations avec les autochtones.