Le premier ministre Stephen Harper entend remanier son cabinet avant la reprise des travaux parlementaires, prévue le 3 mars, a appris La Presse.

Quelque 15 mois après les élections générales d'octobre 2008, ce remaniement doit s'inscrire dans un exercice plus large visant à donner un nouvel élan au gouvernement dans un contexte de reprise économique, selon des sources.

M. Harper commence à peine à mettre au point le jeu de chaises musicales auquel il veut se livrer. Les principaux poids lourds du cabinet devraient conserver leurs fonctions actuelles, mais l'exercice permettra de donner des promotions à de nouveaux visages. Qui et comment, cela reste à voir.

Les paris sont toutefois ouverts au sujet d'un possible retour au cabinet de l'ancien ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier. M. Bernier a démissionné de ses fonctions en mai 2008 après qu'il fut révélé qu'il avait oublié des documents secrets à la résidence de son ancienne amie de coeur, Julie Couillard. Celle-ci avait eu auparavant des relations amoureuses avec trois individus liés au monde interlope.

La ministre d'État responsable de la petite entreprise et du tourisme, Diane Ablonczy, pourrait écoper à la suite de ce remaniement. Elle s'était attiré les foudres des militants conservateurs l'été dernier parce qu'elle avait approuvé une subvention de 400 000 $ à une manifestation gaie de Toronto.

Rumeurs

Depuis un certain temps, des informations persistantes circulaient dans la capitale fédérale selon lesquelles M. Harper songeait à remanier son cabinet.

Dans une entrevue accordée à Brian Lilley et diffusée ce matin à la radio montréalaise CJAD, M. Harper indique qu'une telle mesure pourrait faire partie de l'exercice plus large de revoir l'ensemble des priorités du gouvernement, qui veut faire adopter la deuxième partie de son plan de relance économique et préparer le retour à l'équilibre budgétaire d'ici cinq ans. «La durée moyenne d'une session parlementaire est d'environ un an. Nous allons avoir une nouvelle session. Nous réexaminons et relançons l'ensemble de notre ordre du jour, de notre plan de match. C'est un exercice imposant. Nous allons prendre les prochaines semaines pour faire cela. Tout est sur la table», a affirmé M. Harper dans l'entrevue, que La Presse a obtenue lundi.

Dans cette entrevue, M. Harper doit aussi réagir aux accusations de ses adversaires, qui lui reprochent de se comporter comme un dictateur parce qu'il a prorogé le Parlement pour la deuxième fois en 12 mois.

Cinq nouveaux sénateurs

En plus de présenter un nouveau discours du Trône le 3 mars, de déposer un nouveau budget le lendemain et de remanier son cabinet, M. Harper doit nommer cinq nouveaux sénateurs avant la reprise des hostilités à la Chambre des communes.

Ces nominations permettront aux conservateurs d'avoir plus de sièges que les libéraux au Sénat pour la première fois en près 15 ans. Ils auront 51 sièges et les libéraux, 49. M. Harper n'aura toutefois pas encore la majorité absolue puisqu'il devra composer avec deux sénateurs indépendants, deux sénateurs progressistes-conservateurs et une sénatrice sans affiliation politique. Mais les conservateurs pourront prendre le contrôle des comités sénatoriaux.

Devant la controverse qui a éclaté depuis la décision de M. Harper de proroger le Parlement le 30 décembre, les ministres conservateurs multiplient les entrevues pour affirmer que ce délai était nécessaire pour réexaminer les priorités du gouvernement.

Le bureau du premier ministre a même diffusé une vidéo montrant Stephen Harper en train d'assister à une séance d'information sur la sécurité nationale donnée par le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan. Les ministres des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, de la Défense, Peter MacKay, et de la Justice, Rob Nicholson, participaient également à cette séance visant à faire le point sur les mesures de sécurité en vigueur depuis l'attentat raté du 25 décembre contre un vol Amsterdam-Detroit.