Les travaux à la Chambre des communes reprendront au mois de mars, a confirmé mercredi le gouvernement de Stephen Harper. Une mesure que les partis d'opposition considèrent comme une «insulte» aux électeurs.

L'attaché de presse du premier ministre, Dimitri Soudas, a mis fin à des semaines de spéculation, mercredi, en confirmant que le Parlement ne se réunira qu'après les Jeux olympiques de Vancouver. M. Harper a fait cette demande à la gouverneure générale Michaëlle Jean lors d'une conversation téléphonique en matinée.

Les travaux reprendront donc le 3 mars avec le discours du Trône. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, présentera son budget le lendemain.

La Presse a appris que le gouvernement Harper compte désormais présenter un discours du Trône chaque année et en faire une coutume parlementaire. C'est dans ce texte que le gouvernement annonce ses priorités.

Les députés de la Chambre des communes devaient à l'origine retourner au travail le 25 janvier. La prorogation entraînera la perte de 22 jours de travaux.

Les projets de loi qui n'ont pas encore été adoptés par le Parlement mourront donc tous au feuilleton. Parmi ceux-ci, on compte le projet C-6 sur la sécurité des produits de consommation, et le projet C-15, qui prévoit des peines plus sévères pour les trafiquants de drogue. Ces projets devraient toutefois être réintroduits aux Communes à la reprise des travaux, a indiqué M. Soudas.

Les comités parlementaires, y compris celui qui se penche sur le traitement des Afghans faits prisonniers par les militaires canadiens, sont également dissous.

«Insultant», «méprisant», les partis d'oppositions n'ont pas mâché leurs mots pour dénoncer la décision du gouvernement conservateur. Ils l'accusent de se défiler devant la controverse des détenus afghans, qui auraient été torturés par les autorités locales après leur capture par des militaires canadiens.

«Ce n'est pas acceptable pour un gouvernement de fonctionner de cette façon, a déploré le lieutenant de Michael Ignatieff au Québec, Marc Garneau. Ce gouvernement veut éviter de revenir sur la question des détenus afghans, quelque chose qui les embarrasse.»

Le gouvernement s'est défendu de vouloir mettre le couvercle sur la marmite afghane.

«Le comité n'a rien trouvé de nouveau, ce sont vieilles nouvelles d'il y a trois ans, a affirmé Dimitri Soudas. Et rien ne démontre jusqu'ici que nos militaires ou nos diplomates ont mal agi dans ce dossier.»

Reste que la prorogation du Parlement est «un affront grave à la démocratie», dénonce le whip du Bloc québécois, Michel Guimond.

Lui aussi croit que Stephen Harper cherche à esquiver les questions sur le traitement des détenus afghans ce même que celles sur la performance de son gouvernement à la conférence de Copenhague sur les changements climatiques.

Même son de cloche du côté du chef du NPD, Jack Layton, qui fait valoir que Stephen Harper avait critiqué l'ancien premier ministre Jean Chrétien pour avoir prorogé la session parlementaire en 2003.

«Après quelques années au pouvoir, M. Harper a compris que les techniques utilisées sous M. Chrétien sont très convenables, après tout», a-t-il raillé.

Il y a un an, Stephen Harper avait aussi prorogé le Parlement pour éviter d'être battu par une coalition des partis de l'opposition. Cette fois, la survie de son gouvernement n'est pas menacée, mais on a jugé bon de repartir sur de nouvelles bases, maintenant que la reprise économique point à l'horizon.

Nominations au Sénat

Le gouvernement Harper compte profiter de l'intervalle pour nommer cinq nouveaux sénateurs, ce qui permettra aux conservateurs d'occuper plus de sièges que le PLC à la Chambre haute.

Le gouvernement a confirmé que le fondateur de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues, Pierre-Hugues Boisvenu, est pressenti pour occuper le siège libéré par Marcel Prud'homme. Ce sénateur indépendant prend sa retraite à l'âge de 75 ans.

La prorogation des travaux parlementaires permettra aussi au gouvernement de remodeler la composition des comités du Sénat, actuellement dominés par les libéraux.