Stephen Harper nie que son gouvernement tente de camoufler la vérité dans le dossier des prisonniers afghans capturés par les soldats canadiens qui auraient été torturés par les forces de sécurité afghanes.

Selon le premier ministre, le Canada a tout fait pour réduire les risques que des détenus soient torturés dans les prisons afghanes. Il admet que la situation n'est pas parfaite, mais il ajoute que le gouvernement canadien ne dirige pas tout ce qui se passe dans les prisons en Afghanistan.

Dans une entrevue accordée au réseau TVA, M. Harper a soutenu que l'entente conclue par l'ancien gouvernement libéral de Paul Martin, en 2005, avec le gouvernement Karzaï sur le transfert des prisonniers comportait des lacunes. Il a affirmé que son gouvernement avait amélioré le protocole de transfert pour éviter des abus.

Il a ajouté que, si des problèmes persistent, il faut tenir compte du fait que le système judiciaire et correctionnel en Afghanistan demeure embryonnaire.

«Ce ne sont pas des allégations contre le gouvernement du Canada ou contre les militaires canadiens. Au contraire, on avoue que les militaires canadiens ont fait leur travail d'une façon exceptionnelle. (...) On parle ici des problèmes parmi les Afghans. Ce n'est pas un problème entre les Canadiens et les Afghans. On parle de problèmes au sein du gouvernement de l'Afghanistan. Nous tentons de faire ce qui est possible pour améliorer la situation, mais nous n'avons pas le contrôle de tout cela», a dit M. Harper.

Depuis que cette controverse a éclaté, le mois dernier, le gouvernement Harper affirme n'avoir jamais été prévenu du fait que des prisonniers remis aux autorités afghanes par les soldats canadiens pouvaient être victimes de torture. Toutefois, le ministre de la Défense, Peter MacKay, a reconnu que les conservateurs en avaient eu vent dès leur arrivée au pouvoir, au début de 2006.

Le mois dernier, le diplomate Richard Colvin a affirmé devant un comité parlementaire que les prisonniers remis aux autorités afghanes avaient probablement tous été torturés. En poste à Kaboul pendant 18 mois, en 2006-2007, M. Colvin a soutenu avoir alerté les autorités canadiennes à plusieurs reprises, en vain.

Le comité des Communes sur l'Afghanistan s'est justement réuni hier pour entendre deux témoins, l'ancien diplomate Gar Pardy et l'avocat d'Amnistie internationale Paul Champ, qui sont venus critiquer les positions du gouvernement Harper.

Comme prévu, les députés conservateurs ont brillé par leur absence, jugeant que rien ne justifiait «l'urgence» de cette rencontre. Les témoignages ne seront donc pas officiellement pris en compte, faute d'un nombre suffisant de participants. Le député du Bloc québécois Claude Bachand a déclaré qu'il était primordial, après avoir entendu, dans les dernières séances, d'ex-généraux militaires et des ministres conservateurs, d'entendre des témoins qui contestent la version du gouvernement.

«M. Harper ignore ses responsabilités autant politiques que juridiques, a dit le député libéral Bob Rae, en réaction aux propos de M. Harper. Le gouvernement canadien a une responsabilité légale d'assurer que les prisonniers sous son autorité ne soient pas victimes de torture.» Devant le comité, l'avocat d'Amnistie internationale a soutenu la même chose.