Le gouvernement fédéral a décidé de tenir le sommet du G8 avant celui du G20, un arrangement qui pourrait bien choquer certains pays émergents, selon des analystes.

Ainsi, le sommet du G8 se tiendra du 25 au 27 juin à Huntsville, en Ontario. Le premier ministre Stephen Harper n'a pas encore officialisé les détails du G20 qui devrait avoir lieu aux alentours des même dates. Mais selon des sources proches du gouvernement, l'on peut affirmer avec assurance qu'il se tiendra immédiatement après le G8.

L'ordre dans lequel se tient les deux événements relève d'un simple détail logistique mais la décision de faire précéder le G8 au G20 a certainement une signification politique. Cela donne en effet l'impression que les pays riches du G8 établissement l'agenda du G20, un groupe composé principalement de pays émergents.

Selon le directeur associé du Centre pour la gouvernance internationale et l'innovation à Waterloo, en Ontario, Andrew Cooper, les pays de ce dernier bloc ne veulent pas être relégués à un tierce groupe. Selon lui, ils veulent percevoir le G20 comme un groupe qui se distingue.

Le directeur de l'Ecole Norman Paterson pour les affaires internationales de l'Université Carleton, à Ottawa, Fen Hampson, estime quant à lui qu'il est inévitable que certains pays émergents soient irrités par l'ordre des sommets.

«En fait, c'est un bon argument pour tenir les sommets à deux endroits différents pour renforcer le message qu'ils représentent deux institutions et deux processus politiques distincts», a ajouté M. Hampson.

Les dirigeants ont décidé en septembre, lors du G20 qui s'est tenu à Pittsburgh, que le G20 allait remplacer le G8 à titre d'instance internationale dominante pour les affaires économiques. Cette décision a formalisé un changement majeur dans la politique internationale qui a vu les pays émergents tels que la Chine, l'Inde et le Brésil, défier la suprématie des économies établies comme celles des Etats-Unis et de l'Europe.

Selon Andrew Cooper, la transformation du G20 en une institution permanente de dirigeants est «un grand prix» pour ces pays. Mais le Canada s'est opposé à l'idée que le G20 prenne les devants. Stephen Harper avait soutenu que la voix du Canada pourrait être diluée dans un groupe de cette taille. Et le Canada avait alors recherché l'appui du Japon et de la Russie pour maintenir le rôle du G8.

Des pays émergents s'étaient d'ailleurs empressés de dire que le G8 était presque désuet. Le ministre des Affaires extérieures du Brésil, Celso Amorim, avait quant à lui déclaré que le G8 était «mort».

Son porte-parole a ajouté cette semaine que c'était au Canada de décider de l'ordre des sommets mais que le plus important était celui du G20. Selon lui, l'on peut penser que l'on garde le «meilleur pour la fin».

L'expert Fen Hampson soutient qu'il y a encore de bonnes raisons de garder les deux institutions en vie. Le G20, dit-il, se concentre sur la crise financière mondiale alors que le G8 est encore utile pour discuter de politique et de sécurité qui affectent les démocraties industrielles plus avancées.

Mais le Canada doit s'assurer du succès des deux sommets puisque leur longévité dépend de ces événements qui se tiendront en 2010, a conclu M. Hampson.