Le gouvernement Harper s'est fait accuser hier pour la deuxième fois en un mois d'utiliser les Jeux olympiques qui auront lieu à Vancouver en février à des fins partisanes.

Les libéraux de Michael Ignatieff cachaient mal leur colère de voir que le relais de la flamme olympique au pays franchirait la presque totalité des circonscriptions fédérales détenues par le Parti conservateur, mais seulement une vingtaine de circonscriptions détenues par le Parti libéral.

 

Selon une enquête du réseau CTV, des cérémonies pour marquer le passage de la flamme olympique auront lieu en tout dans 126 circonscriptions conservatrices, 29 circonscriptions néo-démocrates, 21 circonscriptions libérales et 18 circonscriptions bloquistes.

Aux Communes, le Parti conservateur détient 143 sièges, le Parti libéral 77, le Bloc québécois 47 et le NPD 36.

«Les Jeux olympiques sont censés être une célébration nationale. La flamme olympique, c'est comme la Coupe Stanley. Comment le gouvernement conservateur peut-il agir d'une manière aussi inappropriée et grossière?» a lancé hier aux Communes le député libéral Ken Dryden, ancien gardien étoile du Canadien de Montréal.

Le ministre du Patrimoine, James Moore, a répondu que le gouvernement Harper n'avait joué aucun rôle dans le choix du trajet de la flamme olympique. «Le parcours de la flamme a été décidé à 100% par le comité organisateur», a dit M. Moore.

Le ministre a ensuite cité John Furlong, président du Comité d'organisation de Jeux olympiques de Vancouver (COVAN), qui a affirmé: «En aucun moment, le gouvernement a offert quelque conseil que ce soit à cet égard ou tenté d'influencer le parcours.»

Le mois dernier, les conservateurs ont aussi dû se défendre de tenter d'utiliser la tenue des Jeux olympiques pour faire mousser leur popularité lorsque le nouveau logo de l'équipe canadienne a été dévoilé.

Le logo en question - la lettre C en noir avec au centre une feuille d'érable rouge -, apposé sur les vêtements officiels des athlètes, ressemble étrangement au logo du Parti conservateur. Les partis de l'opposition s'étaient alors plaints de cette ressemblance. Mais tant les conservateurs que les dirigeants de COVAN ont affirmé qu'il s'agissait d'une coïncidence.

Des ratés

Plus tôt en journée hier, les trois partis de l'opposition ont également souligné que l'organisation de cette manifestation d'envergure internationale connaît déjà des ratés en matière de respect des deux langues officielles.

Au cours d'une réunion du comité des Communes des langues officielles, le député néo-démocrate d'origine acadienne Yvon Godin a affirmé qu'il lui avait été impossible de regarder les cérémonies entourant l'arrivée de la flamme olympique en français la semaine dernière alors qu'il se trouvait à Vancouver.

«Des francophones n'ont pas eu la chance, partout au Canada, de voir la flamme olympique arriver en même temps que les autres. C'est honteux, c'est scandaleux!» a affirmé M. Godin.

Jacques Gauthier, responsable du dossier des langues officielles au sein du COVAN, a affirmé que le comité n'était pas responsable de la télédiffusion de l'arrivée de la flamme olympique.

M. Gauthier a toutefois affirmé que les Jeux comme tels seront diffusés dans les deux langues officielles d'un bout à l'autre du pays.

«C'est plus de 850 heures de télédiffusion en direct durant la période des Jeux qui vont se faire en français sur différents canaux, mais toujours avec la plateforme de RDS qui va être le réalisateur de toute cette plateforme francophone», a dit M. Jacques Gauthier.

M. Gauthier a par ailleurs admis que les responsables de l'organisation des Jeux n'avaient toujours pas réussi à convaincre la municipalité de Richmond de s'assurer que la signalisation soit dans les deux langues officielles.

«La Ville veut bien que la signalisation permanente soit en anglais et en français, mais elle ne veut pas payer», a expliqué M. Gauthier, indiquant du même souffle que les discussions allaient néanmoins bon train.

Avec La Presse Canadienne