Fréquents changements de priorités, absence d'orientation claire, manque de planification à long terme, faiblesse dans la gestion... La vérificatrice générale, Sheila Fraser, constate d'importants problèmes d'efficacité à l'Agence canadienne de développement international (ACDI).

Dans un rapport rendu public hier, Mme Fraser estime que l'ACDI n'a pas répondu aux exigences de l'énoncé de politique en faveur d'une aide internationale plus efficace, adopté en 2002.

 

«Le flou stratégique et les priorités changeantes ont miné la capacité de prévoir les interventions de l'Agence à long terme», a souligné la vérificatrice.

Les nombreuses faiblesses constatées s'expliquent selon elle par le fait qu'aucun «processus de gestion» ne guide l'agence et ne suit le respect de ses engagements en matière d'efficacité de l'aide.

«La nature du développement international est telle que celui-ci doit reposer sur des programmes stables et prévisibles. L'ACDI a besoin d'un plan d'ensemble pour progresser», a souligné Mme Fraser en conférence de presse.

Selon elle, la situation est telle que les gouvernements des pays bénéficiaires, les agents de programmes et les donateurs «comprennent mal» l'orientation de l'Agence.

«Avec ce type d'aide, les impacts sur le terrain se font sentir seulement après un certain temps. Lorsque les priorités changent chaque année ou presque, ça crée beaucoup de confusion au sein même de l'organisation», a expliqué la vérificatrice.

«L'ACDI a reconnu il y a plusieurs années, à l'instar de plusieurs agences de développement international, qu'il fallait mettre l'accent sur un nombre restreint de pays et de programmes, a-t-elle ajouté. Malgré cet engagement, pris il y a longtemps, de concentrer l'aide à environ 20 pays, l'Agence a encore des programmes dans 60 pays.»

Les travailleurs étrangers

Par ailleurs, la vérificatrice générale a aussi trouvé des failles dans la sélection des travailleurs étrangers. Les réformes entreprises par le gouvernement de Stephen Harper en 2008 afin de faciliter l'arrivée d'immigrants qui pourront répondre aux besoins les plus pressants du Canada en matière de main-d'oeuvre ne semblent pas avoir donné de résultats satisfaisants jusqu'à maintenant.

«Il y a peu d'indications que ces changements s'inscrivent dans une stratégie bien définie», a estimé Mme Fraser. De plus, l'absence de suivi systématique dans les dossiers des travailleurs étrangers temporaires pourrait mettre ces derniers «dans une situation vulnérable», selon la vérificatrice.

À cette dernière critique, le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a répliqué que son ministère avait récemment établi de nouvelles directives pour améliorer la coordination avec le ministère des Ressources humaines, qui prévoient aussi des mesures pour pénaliser les employeurs abusifs.