Pour la première fois depuis l'affaire Julie Couillard, qui a forcé Maxime Bernier à quitter le conseil des ministres, le premier ministre Stephen Harper a visité la circonscription du député beauceron, vendredi, laissant entendre que cet épisode controversé est chose du passé.

M. Harper n'a pas voulu dire s'il a pardonné à l'ancien ministre des Affaires étrangères, mais il a affirmé que M. Bernier était apprécié au sein de l'équipe conservatrice.

Maxime Bernier a dû démissionner de son poste, en 2008, après avoir oublié d'importants documents gouvernementaux chez son ex-petite amie, Julie Couillard, autrefois liée au milieu des motards criminels.

Aux dernières élections générales, M. Bernier a malgré tout gardé son siège de député de la circonscription fédérale de Beauce, récoltant une forte majorité.

Lors d'une conférence de presse, à la suite de l'annonce de nouveaux investissements dans les infrastructures en partenariat avec le gouvernement du Québec, M. Harper a déclaré que le député beauceron avait payé pour ses erreurs.

«Nous savons tous que Maxime a fait quelques erreurs, il y a quelques années, a-t-il dit. Il les a reconnues et il a démissionné. Tous ses collègues et moi-même l'estimons beaucoup et c'est formidable de l'avoir dans l'équipe.»

Interrogé sur l'éventualité d'un retour de M. Bernier dans le cabinet ministériel, M. Harper, qui a déclaré s'attendre à cette question, a fait preuve de prudence, n'excluant aucune éventualité.

«On m'a dit qu'il était possible qu'on me pose une telle question, a-t-il déclaré. Avec des questions comme ça, je dis toujours que je ne spécule jamais sur mes propres actions futures.»

S'il s'est fait plus rare en Beauce, M. Harper a affirmé que cela n'avait pas empêché M. Bernier d'avoir un bon résultat à la dernière élection.

«J'ai un député qui gagne un plus grand pourcentage de votes que moi dans mon comté, a-t-il dit en suscitant des rires dans l'auditoire. Peut-être est-ce mieux pour lui si je passe mon temps ailleurs.»

D'autre part, M. Harper n'a pas voulu se prononcer sur le projet d'amphithéâtre présenté la semaine dernière par le maire de Québec, Régis Labeaume, qui souhaite ainsi attirer une équipe de la Ligue nationale de hockey dans sa ville.

M. Labeaume, qui brigue actuellement un second mandat, souhaite obtenir 350 millions $ de fonds publics, dont 175 millions $ du fédéral.

M. Harper a affirmé qu'il faudrait au moins attendre le scrutin municipal du 1er novembre avant qu'Ottawa en dise plus sur le projet, qui doit aussi faire l'objet d'un plan d'affaires.

«Comme grand amateur de hockey, j'aimerais voir de nouvelles équipes au Canada, a-t-il dit. Québec, comme Hamilton ou Winnipeg, sont toutes capables d'appuyer une telle équipe. Au même moment, je comprends que c'est une grande question. Il y a des grands débats autour de ça dans l'élection à la ville de Québec. Évidemment je n'ai pas l'intention de m'ingérer dans cette élection.»

En compagnie du ministre québécois du Revenu, Robert Dutil, député provincial de Beauce-Sud, M. Harper a annoncé le deuxième volet d'un programme d'investissement dans les infrastructures des institutions d'enseignement supérieur.

Lors de la conférence de presse, M. Bernier n'a pas pris la parole, contrairement à MM. Harper et Dutil.

Dans un discours où il a vanté les réalisations de son gouvernement face à la récession, M. Harper a louangé le flegme des Beaucerons, face à la tourmente.

Pour en témoigner, M. Harper y est allé d'une citation de M. Bernier, sur la capacité à surmonter les épreuves.

«La récession économique mondiale ne vous a pas fait peur et je crois que Maxime résume bien l'attitude que vous avez adoptée pour contrer les effets de la pire récession économique mondiale depuis la Seconde Guerre, a-t-il dit. Comme l'a dit Maxime, et je cite: 'Dans la culture entrepreneuriale qui est la nôtre, lorsqu'on subit un dur coup, on se retrousse les manches et on reprend le travail'.»

Le deuxième volet du programme d'investissement dans les infrastructures du savoir fait partie du plan économique conservateur.

Ce programme, d'une valeur totale de 2 milliards $ sur deux ans, est destiné aux cégeps et universités.

Une première série de projets avait été annoncée en juin dernier.

Dans un cégep de Beauce-Appalaches, à une centaine de kilomètres au sud de Québec, M. Harper a indiqué que l'institution bénéficierait de fonds fédéraux et provinciaux afin de moderniser son système de chauffage, après avoir bénéficié d'investissements qui ont servi à rénover sa bibliothèque et un laboratoire.

En vertu d'un partenariat avec Québec, Ottawa finance une part égale à celle que la province injecte dans les projets qui sont retenus.

M. Dutil a affirmé que la valeur de la deuxième ronde du programme représentait, pour le Québec, une somme de 142 millions $.