Les libéraux de Michael Ignatieff n'ont qu'une question en tête par les temps qui courent: quand prendra fin leur chute brutale dans les intentions de vote?

Un sondage publié hier et réalisé par la firme EKOS démontre que le Parti conservateur de Stephen Harper pourrait former un gouvernement majoritaire si des élections fédérales avaient lieu aujourd'hui. Il s'agit du deuxième coup de sonde en trois jours à laisser entendre que les conservateurs flirtent avec la majorité.

Ce sondage, réalisé auprès de 3333 Canadiens du 30 septembre au 6 octobre derniers, soit au beau milieu de la tourmente provoquée par la démission de Denis Coderre à titre de lieutenant libéral au Québec, accorde 39,7% des appuis au Parti conservateur.

Le Parti libéral doit se contenter de 25,7% des intentions de vote, le plus faible score depuis que Michael Ignatieff a pris les commandes du parti, en décembre 2008. Le NPD récolte quant à lui 15,2% des appuis tandis que le Parti vert en recueille 9,7%. La marge d'erreur d'un sondage comportant un tel échantillon est très faible, soit 1,8 point, 19 fois sur 20.

Au Québec, où la firme EKOS a interrogé 794 personnes, le Bloc québécois conserve la tête avec 38,7%. Mais le Parti conservateur supplante maintenant le Parti libéral pour la première fois en un an avec 22,2% des appuis, alors que les libéraux doivent se contenter de 21%, un résultat catastrophique. Le NPD arrive quatrième avec 9,7%. La marge d'erreur au Québec s'élève à 3,5 points.

En Ontario, qui compte le tiers des 308 sièges des Communes et qui a longtemps été le bastion des libéraux, le Parti conservateur détient une avance de 11 points de pourcentage sur le Parti libéral (43,8% contre 32,5%), un écart jamais vu depuis 1993. Au total, 1146 personnes ont été interrogées dans la province la plus populeuse du pays (marge d'erreur de 2,9 points).

Selon la firme EKOS, qui a réalisé ce sondage pour Radio-Canada, les libéraux ont perdu des appuis parmi des électeurs qui, traditionnellement, leur avaient toujours été fidèles: les femmes, les diplômés universitaires et les immigrés.

«Cela constitue un recul dramatique pour le Parti libéral, qui n'est pas confiné à une seule région ou à un seul groupe d'électeurs. Et tout cela semble être le résultat de la chute de popularité de Michael Ignatieff», commente Frank Graves, le président de la firme EKOS.

Pis encore, à peine 19% des Canadiens interrogés approuvent le travail de M. Ignatieff, et 51% le désapprouvent. Stephen Harper se tire mieux d'affaire à cet égard: 39% des répondants approuvent son travail, et 42% ne l'aiment pas.

Plus tôt cette semaine, un sondage publié dans le quotidien The Globe and Mail accordait 41% des intentions de vote au Parti conservateur et 28% au Parti libéral.

De passage à London, en Ontario, hier, Michael Ignatieff a reconnu qu'il a beaucoup de pain sur la planche pour renverser cette tendance, d'autant plus que les libéraux ont promis de tout faire pour renverser le gouvernement conservateur cet automne.

Le chef libéral reconnaît que son parti doit redresser la barre, mais il a répété que le Parti libéral demeure la seule véritable option face aux conservateurs.

«J'ai beaucoup de travail à faire. C'est très clair. Je suis un leader qui est à l'écoute des Canadiens. Si les Canadiens veulent que je fasse un meilleur travail, je suis prêt à serrer les coudes et à le faire», a dit M. Ignatieff. Il a aussi reconnu que l'offensive publicitaire des conservateurs depuis des semaines a eu une influence sur l'opinion des Canadiens.