La gouverneure générale Michaëlle Jean a défendu lundi à l'Unesco le «rôle décisif du dialogue des cultures» face à la «crise des valeurs» que traverse le monde.

Mme Jean était l'invitée vedette du conseil exécutif de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, qui réunit les représentants de ses 58 pays membres et précède la conférence générale de l'institution.«J'estime que la mission de l'Unesco n'a jamais été aussi importante, voire cruciale, qu'en cette période de notre histoire collective», a lancé la gouverneure générale.

Son intervention en cinq langues (français, anglais, espagnol, italien et créole) a fait forte impression. À la fin de son discours, les membres de l'exécutif se sont levés pour l'applaudir.

Dans son allocution, Michaëlle Jean a estimé que la crise financière qui secoue le monde, «rudoie certaines de nos populations et en menace funestement d'autres», est en fait une «crise des valeurs», qui «appelle urgemment une éthique du partage».

Selon elle, « la nécessité de raviver les liens entre nous et de réaffirmer le rôle décisif du dialogue des cultures dans la promotion de la paix et de la démocratisation est toujours aussi impérieuse».

Au coeur du propos de Mme Jean trônait la défense de la diversité culturelle, menacée par une «logique commerciale sans garde-fous, où seul le 'chacun pour soi» et «pour son clan» dicterait les règles».

«Nous ne voulons pas d'un monde où se répercuterait à l'infini une même façon de voir les choses, où retentirait une seule langue pour l'exprimer, où circuleraient sur des réseaux de plus en plus sophistiqués les mêmes contenus», a-t-elle dit, en évoquant le risque de voir s'instaurer une «monoculture».

Il y a dans le monde d'autres sujets d'inquiétudes, dont elle dressé la liste: « l'ampleur des inégalités, la fragilité de nos écosystèmes, la montée des intégrismes de toutes sortes, l'étendue de la marchandisation de la culture et du vivant, le mépris éhonté de la dignité humaine».

Face à ces défis, les femmes auront un rôle déterminant, a ajouté la gouverneure générale. «Donnez aux femmes les moyens d'agir et vous verrez reculer la violence, la faim, la maladie, l'analphabétisme, la détresse», a-t-elle prédit, avant de se réjouir de la nomination de la première femme à la tête de l'Unesco, la Bulgare Irina Bokova.

Au cours d'un bref point de presse, la gouverneure générale a expliqué qu'il était important pour elle de venir «dire d'une voix claire, forte et convaincue que le Canada croit en la pertinence de l'Unesco, et de dire que cette institution est essentielle dans l'état actuel du monde».