Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, s'est évertué lundi à limiter les dégâts importants causés par la démission fracassante de son lieutenant politique au Québec, le député de Bourassa Denis Coderre.

M. Ignatieff a convoqué les députés de son caucus du Québec, inquiets de la zizanie qui règne dans les rangs libéraux depuis deux semaines, à son bureau, en fin de journée, afin de les rassurer sur la suite des choses.

Auparavant, devant les journalistes, le chef libéral a dit regretter la décision du bouillant député, mais il a aussi affirmé que M. Coderre était un acteur parmi d'autres au sein de l'équipe libérale au Québec, soutenant que les Marc-André Blanchard et Jean-Marc Fournier, issus de la filière du Parti libéral du Québec, jouent déjà un rôle important dans le parti.

Tout en louant le travail de M. Coderre au cours des derniers mois, M. Ignatieff a affirmé qu'il ne comblera pas le poste de lieutenant du Québec.

«Je regrette sa démission, bien sûr, parce que c'est un ami et un collègue. Je ne le remplacerai pas pour le moment. Je n'aurai plus de lieutenant au Québec», a dit M. Ignatieff, affirmant que l'équipe qui reste poursuivra le travail de renouveau du PLC.

Effet boule de neige

Mais le départ de M. Coderre a provoqué une onde de choc au sein des troupes libérales au Québec, le jour même où Michael Ignatieff a déposé une motion de censure envers le gouvernement minoritaire de Stephen Harper. En effet, quelques heures après la conférence de presse du député de Bourassa, quatre de ses proches lui ont emboîté le pas en remettant leur démission à M. Ignatieff en guise de solidarité avec M. Coderre.

Ainsi, l'organisateur en chef du parti au Québec, Pierre Lajeunesse, le président d'un comité chargé d'approuver les candidats, Éric Simard, un responsable du financement, Jean Rizzuto, et le cousin de M. Coderre, Jean-François Coderre, coordonnateur aux bureaux montréalais du parti, ont tous claqué la porte.

Par ailleurs, des informations laissaient entendre lundi soir que Nathalie Le Prohon, qui devait se présenter dans Outremont et qui a accepté la semaine dernière de tenter sa chance dans Jeanne-Le Ber pour laisser le champ libre à l'ancien ministre Martin Cauchon, reconsidérerait son choix et songerait à ne pas être candidate libérale aux prochaines élections. M. Cauchon n'a pas voulu commenter les derniers rebondissements lundi.

Malgré la tourmente, Michael Ignatieff a balayé d'un revers de main les accusations de M. Coderre selon lesquelles l'aile québécoise était dirigée par sa «garde rapprochée de Toronto».

«J'ai dans cette équipe Jean-Marc Fournier, Marc-André Blanchard, Yves Gougoux, Serge Paquette - je pourrais continuer encore pour cinq minutes. L'idée que ce parti est dirigé de Toronto me fait rire et ça fait rire en Colombie-Britannique. Ça fait rire en Alberta. Ça fait rire dans les provinces atlantiques. Je mène une formation pancanadienne. Je suis fier de mon équipe au Québec. Ils ont la direction et la responsabilité avec moi, avec moi, je répète, pour le renouveau du parti. Et ça se poursuit», a dit M. Ignatieff.

Plus de lieutenant

Le député libéral Pablo Rodriguez a aussi salué le travail de M. Coderre, mais il a affirmé que le parti peut fonctionner sans lieutenant. «Il faut comprendre le rôle du lieutenant. Il vise à coordonner les efforts d'organisation, à trouver des candidats et cela peut se faire autrement. Denis a fait un très bon travail. Maintenant, on passe à autre chose. Ce même travail-là va se faire de façon différente», a-t-il dit.

Mais le commentateur Jean Lapierre, qui a été lieutenant politique de Paul Martin, a affirmé que cette situation sera intenable. «Je ne vois pas comment cela peut fonctionner. Le Parti libéral a toujours eu un lieutenant politique depuis Ernest Lapointe, et même à l'époque où le premier ministre était du Québec», a-t-il dit.