Après une semaine de trêve, la colline parlementaire fourmillera à nouveau de députés fédéraux lundi, mais l'atmosphère risque d'être moins fébrile que lors de la rentrée parlementaire puisque la menace d'élections cet automne se fait bien moins persistante.

Car si les libéraux semblent plus déterminés que jamais à faire tomber le gouvernement de Stephen Harper, les néo-démocrates en revanche cherchent le moins possible la bagarre. Il y a deux semaines, les conservateurs ont passé leur tout premier test de la saison en faisant adopter une motion de voies et moyens portant entre autres sur les crédits d'impôt à la rénovation domiciliaire, grâce à l'appui du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Ils pourraient répéter l'exploit très prochainement, s'ils parviennent à survivre à une motion retirant la confiance envers le gouvernement qui devrait être déposée par les libéraux cette semaine.

En juin, pour éviter des élections estivales, les conservateurs avaient accepté de s'engager à remettre un troisième rapport d'étape sur leur plan de relance économique au cours de la semaine du 28 septembre en échange d'un vote libéral en leur faveur.

Lundi, le gouvernement Harper déposera donc le troisième de ces fameux «bulletins scolaires» exigés par les libéraux. Selon ce qu'a affirmé le ministre des Transports, John Baird, sur les ondes de CTV, le premier ministre le présentera, non à la Chambre des communes, mais à Saint-Jean de Terre-Neuve.

Trois jours plus tard, les libéraux devraient disposer d'une journée d'opposition au cours de laquelle ils déposeront leur motion destinée à faire tomber le gouvernement conservateur.

Le leader parlementaire libéral en Chambre, Ralph Goodale, affirme que le libellé de cette motion de censure n'est pas encore complètement prêt, mais que l'objectif premier sera de la rédiger le plus clairement possible.

«Ce n'est pas encore finalisé. Nous considérons toutes les options, mais ce dont on veut être certain, c'est que ce soit clair», a souligné M. Goodale en entretien téléphonique.

«Hypothétiquement, ce pourrait être aussi court qu'une phrase de six mots», a-t-il spécifié.

Ainsi, la motion pourrait aller droit au but, avec quelque chose du genre: «Que la Chambre des communes n'a plus confiance dans ce gouvernement». Il serait alors très gênant pour les néo-démocrates, qui ont systématiquement voté contre le gouvernement Harper depuis son élection en 2006 avant la semaine dernière, de s'opposer à la motion libérale.

Mais le chef néo-démocrate Jack Layton persiste à dire qu'il cherche avant tout à faire fonctionner le Parlement, et ce, pour permettre à une législation sur l'assurance-emploi d'aller de l'avant.

La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a promis une aide atteignant près d'un milliard de dollars pour les chômeurs de longue durée, ce qui selon elle pourrait aider pas moins de 190 000 personnes. M. Layton prétend que c'est grâce aux pressions exercées par son parti que les conservateurs ont finalement accepté de revoir le régime d'assurance-emploi.

«Je suis content qu'on ait maintenant une conversation concernant comment on peut faire fonctionner le Parlement», a souligné M. Layton en entrevue à La Presse Canadienne.

«C'est clair qu'on a besoin de plus que ça, et on va continuer de militer pour d'autres changements dans le système d'assurance-emploi», a-t-il admis.

Le Bloc québécois de Gilles Duceppe a déjà fait savoir qu'il allait voter en faveur de la motion de non-confiance libérale, laissant sur les épaules de Jack Layton le poids d'une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences.