Le gouvernement Harper a pu survivre à un premier vote de confiance cet automne, hier, grâce à l'appui du Bloc québécois et du NPD. Les élections automnales sont donc évitées, du moins pour l'instant.

Les partis de Gilles Duceppe et de Jack Layton ont en effet voté en faveur d'une motion de voies et moyens visant à mettre en oeuvre certains éléments du dernier budget fédéral, dont un crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire et des détails financiers de l'accord de libre-échange Canada-Colombie, accord auquel s'opposent pourtant bloquistes et néo-démocrates. Le Bloc a expliqué sa décision en disant qu'il était en faveur du crédit d'impôt. Le NPD, de son côté, souhaite permettre l'adoption d'un nouveau projet de loi du gouvernement sur l'assurance emploi.

Ce projet de loi, C-50, vise à accorder jusqu'à 20 semaines de prestations supplémentaires aux travailleurs de longue date qui ont perdu leur emploi.

«Le NPD préfère de loin mettre 1 milliard dans les poches des chômeurs et de leur famille que de dépenser 300 millions sur des élections dont personne ne veut et qui ne changeront probablement pas la donne», a déclaré le député néo-démocrate Thomas Mulcair.

Pas d'élections à l'automne?

Mais si les Canadiens n'auront pas à aller aux urnes le 26 octobre (comme cela aurait été le cas si le gouvernement Harper avait été défait hier), la possibilité d'élections automnales n'est toutefois pas entièrement écartée.

En effet, le chef libéral, Michael Ignatieff, a réitéré hier sa volonté de déposer une motion de défiance vers la fin du mois de septembre, dans l'espoir de remplacer le gouvernement à l'occasion d'un scrutin tenu le 9 ou le 16 novembre. Le chef du Bloc, Gilles Duceppe, a indiqué hier qu'il était fort probable qu'il se range du côté des libéraux et se prononce lui aussi contre le gouvernement au moment du vote sur cette motion.

Le sort des troupes de Stephen Harper en octobre pourrait donc encore être entre les mains du NPD. Jusqu'ici, les néo-démocrates ont laissé planer la possibilité de garder le gouvernement en vie tant que le projet de loi C-50 ne sera pas adopté. Mais un stratège du NPD a confié à La Presse hier qu'il n'était pas encore acquis que Jack Layton et ses députés votent contre la motion libérale.

Pressions du Québec

Dans les prochaines semaines, cependant, le débat portera sans doute davantage sur la réforme de l'assurance emploi. Tous les partis souhaitaient accélérer l'adoption de C-50, mais le Bloc s'y est opposé, au motif qu'il ne répond pas aux intérêts des chômeurs québécois, plus précisément ceux des travailleurs de la foresterie.

Gilles Duceppe veut ainsi étudier le projet de loi en comité parlementaire et souhaite obtenir des modifications afin d'augmenter l'accessibilité à l'assurance emploi aux travailleurs saisonniers, aux travailleurs forestiers, aux jeunes et aux travailleurs à statut précaire. Selon lui, le plan d'Ottawa s'adresse surtout aux travailleurs du secteur de l'auto de l'Ontario.

Le gouvernement du Québec a joint sa voix à celle du chef bloquiste, hier après-midi, et dénoncé l'immobilisme du gouvernement fédéral dans la crise qui touche l'industrie forestière. Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a réclamé une aide équivalente à celle accordée au secteur automobile ontarien.

Mais, peu avant la sortie de M. Gignac, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a semblé fermer la porte à la possibilité d'apporter des modifications au projet de loi.