N'en déplaise à Martin Cauchon et à l'association libérale fédérale d'Outremont, c'est bien la candidate choisie par Denis Coderre qui sera investie dans l'ancien château-fort libéral montréalais, assure le lieutenant politique de Michael Ignatieff au Québec.

Entre-temps, des voix s'élèvent pour dénoncer l'attitude de M. Coderre, que certains accusent de chercher à mettre ses intérêts personnels avant ceux du parti.

Mercredi, la présidente de l'association locale d'Outremont, Diane Phaneuf, a directement interpellé Michael Ignatieff pour lui demander d'intervenir afin de s'assurer que l'ancien ministre Martin Cauchon, qui a occupé le siège d'Outremont de 1993 à 2004, puisse se présenter à titre de candidat dans le comté.

Dans une lettre, Mme Phaneuf souligne que, de l'avis de l'association locale, «le comté d'Outremont deviendrait à nouveau libéral si l'honorable Martin Cauchon y briguait les suffrages lors des prochaines élections».

Le lieutenant politique au Québec, Denis Coderre, dont les relations tendues avec M. Cauchon sont de notoriété publique, souhaiterait plutôt nommer la femme d'affaires Nathalie Le Prohon pour cet ancien château-fort libéral.

M. Coderre a refusé cependant de confirmer jeudi que Mme Le Prohon était bien la candidate qu'il avait en tête.

A titre de lieutenant québécois, c'est lui qui doit trouver les candidats dans la province, ce qui serait déjà chose faite pour 60 des 75 circonscriptions de la province.

«Nous sommes conscients que ce comté peut être attrayant pour d'autres candidats potentiels», a écrit Mme Phaneuf, «mais nous vous soumettons respectueusement qu'au cours des années passées comme député d'Outremont, l'honorable Martin Cauchon a su gagner la confiance de ses concitoyens et qu'il a l'appui indéfectible de l'organisation du comté.»

A la sortie de la période de questions, jeudi, M. Coderre a expliqué qu'il n'avait tout simplement pas eu d'appel de la part de M. Cauchon l'informant qu'il était intéressé à se présenter.

«Nous avons eu une rencontre avec plusieurs candidates et candidats de haut niveau il y a deux semaines, et puis je peux vous annoncer que dans la circonscription d'Outremont, c'est réglé. Nous aurons une candidate et j'aurai l'occasion de vous la présenter officiellement», a souligné M. Coderre.

Mais de l'avis d'une source libérale s'adressant à La Presse Canadienne, M. Coderre n'avait qu'à «claquer des doigts» pour faire en sorte que M. Cauchon se présente dans son ancien comté.

Une autre source, proche de M. Ignatieff, a confié s'expliquer mal pourquoi M. Coderre s'entêtait à refuser la candidature de M. Cauchon, et ne pas comprendre ce qu'avait de si exceptionnel celle de Mme Le Prohon.

«Elle n'a rien fait pour mériter ce statut», a noté cette personne.

Une troisième source libérale souhaitant ne pas être identifiée a par ailleurs maintenu que M. Coderre avait systématiquement tenté de contrecarrer quiconque pourrait représenter une menace à son pouvoir au Québec, ou éventuellement, à ses ambitions de devenir un jour leader du parti.

Cette querelle n'a malgré tout pas semblé inquiéter le leader du PLC, qui s'est contenté de dire qu'il était confiant que son parti regagnera ce comté chaud aux prochaines élections.

«C'est un très bon signe de renouveau dans le parti quand il y a une compétition vive pour le comté d'Outremont, a affirmé M. Ignatieff. Nous sommes très confiants qu'on va regagner le comté d'Outremont, et vous aller voir de très bons résultats.»

La circonscription montréalaise appartient au Nouveau Parti démocratique (NPD) depuis 2007, quand Thomas Mulcair est parvenu à s'y faire élire au cours d'une élection partielle.

Lors des élections générales l'automne dernier, M. Mulcair a pu conserver son siège non sans difficulté, l'emportant avec un peu plus de 2000 voix sur son adversaire libéral d'alors, le comédien Sébastien Dhavernas.

En entrevue, M. Mulcair a soutenu que, peu importe qui les libéraux désigneront comme adversaire, il avait confiance de l'emporter à nouveau aux prochaines élections.

«Les deux dernières fois, ils ont (prétendu) m'opposer des vedettes et je les ai défaites les deux fois. J'ai confiance, avec le travail que mon équipe fait et que je tente de faire, que le public va renouveler sa confiance», a noté M. Mulcair.