Barack Obama a mis un terme à sa première rencontre avec Stephen Harper à la Maison-Blanche, mercredi, en laissant planer l'espoir de s'entendre avec les Canadiens dans un certain nombre de dossiers, dont celui des clauses protectionnistes du Buy American Act.

Dans le célèbre bureau Ovale, les deux hommes ont discuté pendant environ une heure - près de 20 minutes de plus que prévu. Ils ont abordé plusieurs sujets, dont l'Afghanistan, l'Iran, l'environnement, l'économie et le prochain sommet du G20.

Aux yeux de l'entourage du premier ministre, l'un des progrès les plus importants réalisés durant la réunion s'est fait sur le front de la lutte contre le protectionnisme de Washington. Le gouvernement Harper tente en effet de neutraliser les clauses protectionnistes qui bloquent l'accès des entreprises canadiennes aux importantes retombées économiques du plan de relance américain.

Les deux pays examinent actuellement une proposition du ministre du Commerce international, Stockwell Day, dans laquelle le Canada offre notamment aux sociétés américaines un accès garanti aux contrats d'approvisionnement du Canada en contrepartie d'une exemption des clauses du Buy American Act.

Les deux chefs, accompagnés de ministres et de secrétaires, dont la secrétaire d'État Hillary Clinton, ont discuté des solutions possibles à cet égard.

«Il semble qu'il y ait des moyens de négocier de manière bilatérale, mais aussi de manière multilatérale», a déclaré le président au terme de la rencontre.

«Selon ma compréhension, a-t-il ajouté, les gouvernements provinciaux du Canada ne sont pas signataires de l'Organisation mondiale de commerce. Des contrats d'approvisionnement qui seraient antérieurs à ces ententes Buy American, ça pourrait être une solution.»

Le premier ministre canadien a semblé fort heureux de l'entendre. «Nous en avons discuté, a-t-il dit. Et nous donnerons (aux négociateurs) davantage de directives quant au type de solutions qu'ils pourraient examiner.»

Entente pour la LNH

Sur une note plus légère, le premier ministre a tenu à préciser, deux fois plutôt qu'une, qu'une entente était imminente dans le dossier des avions nolisés de la Ligue nationale de hockey.

À cause de nouvelles restrictions aux arrêts multiples de ces types de vols, les équipes canadiennes pourraient avoir de la difficulté à disputer deux parties en deux soirs aux États-Unis, par exemple.

«Nous avons un genre d'accord de principe et nous travaillerons à finaliser cela dans les prochains jours», a déclaré Stephen Harper.

Manifestations

Comme on pouvait s'y attendre, le passage du premier ministre canadien a été marqué par quelques manifestations, contre les sables bitumineux et la chasse au phoque, entre autres. La police a même arrêté trois manifestants de l'organisation PETA qui bloquaient la circulation devant l'ambassade canadienne, vêtus de costumes de phoque striés de peinture couleur sang.

Ces incidents, plutôt mineurs, pourraient se reproduire demain, lorsque le premier ministre rencontrera des membres du Congrès, dont la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. Selon l'entourage de M. Harper, il devrait aborder là encore le dossier des clauses protectionnistes.

Évaluation de la mission

Parmi les autres sujets abordés, le président Obama a rappelé qu'il souhaitait réévaluer la mission américaine en Afghanistan. Il envisage mener de vastes consultations à ce sujet auprès de la société civile et militaire ainsi qu'auprès des alliés des États-Unis.

Des voix s'élèvent au sein de la Défense américaine pour augmenter le nombre de militaires déployés là-bas. Mardi, devant un comité du Congrès, le plus haut officier américain, l'amiral Mike Mullen, a plaidé en faveur de 2000 à 4000 soldats supplémentaires.

Mais le président a réitéré qu'il ne pouvait s'engager dans cette voie avant d'avoir mené sa consultation.

Il n'a par ailleurs pas fait allusion à la possibilité de demander au Canada de contribuer à cette augmentation des troupes.

Le Canada doit mettre un terme à sa mission de combat en Afghanistan en 2011, une volonté que Stephen Harper a réaffirmée lors de son point de presse dans le Bureau ovale.

«Je ne suis pas inquiet de ce qui va se passer après 2011, a déclaré Barack Obama. Je veux m'assurer, compte tenu des engagements qui ont déjà été pris et qui se poursuivent, que la présence canadienne puisse être adaptée à un besoin cohérent et qu'elle atteigne nos objectifs.»

Il a indiqué qu'un de ces objectifs est de vaincre les talibans et que l'un des moyens d'y arriver est d'entraîner les forces de sécurité afghanes.