Fin du suspense : le Bloc a annoncé qu'il allait appuyer le Parti conservateur au vote de confiance de vendredi. Le feuilleton n'est toutefois pas terminé : les libéraux obtiendront à nouveau l'occasion de défier le gouvernement Harper le 30 septembre.

Tous les regards étaient encore tournés vers le chef du NPD, Jack Layton, hier, pour savoir s'il prolongera ou non le règne du gouvernement minoritaire de Stephen Harper au vote de confiance prévu vendredi.

 

Mais en fin de compte, c'est le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui a mis fin de manière définitive au petit suspense qui flottait encore à Ottawa : il a affirmé que ses troupes voteront en faveur de la motion de voies et moyens du gouvernement visant à mettre en oeuvre certaines mesures du budget, dont le crédit d'impôt pour la rénovation résidentielle.

M. Duceppe a confirmé ses intentions en milieu d'après-midi, au moment même où Jack Layton disait vouloir consulter son caucus, ce matin, avant de prendre une décision. Tout indique que les néo-démocrates emboîteront le pas aux bloquistes.

Mais quelle que soit la décision du chef du NPD, le résultat sera le même : le gouvernement Harper survivra aisément au vote de confiance et évitera ainsi la tenue d'élections générales... pour le moment.

En point de presse, hier, M. Duceppe a indiqué que la motion des conservateurs contient des demandes formulées par son parti depuis quelques mois.

«Ce sont des demandes que l'on faisait en novembre dernier. (...) J'ai toujours dit que c'était complètement imbécile d'avoir demandé quelque chose et, quand on l'obtient, de dire "non, on n'en veut pas"», a dit M. Duceppe.

La fièvre électorale qui avait frappé tous les partis politiques le mois dernier, après que le chef libéral, Michael Ignatieff, eut indiqué qu'il tenterait de renverser le gouvernement conservateur à la première occasion, avait déjà baissé de quelques degrés lundi.

En effet, le gouvernement Harper avait tendu une branche d'olivier au NPD en proposant d'augmenter de 20 semaines la durée des prestations d'assurance emploi pour les travailleurs de longue date licenciés. M. Layton avait alors indiqué que son parti était favorable à cette proposition, mais il disait vouloir examiner le projet de loi avant de prendre une décision.

Les libéraux ont modifié du tout au tout la donne politique à Ottawa depuis qu'ils ont signifié leur intention de provoquer des élections générales cet automne. Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, en 2006, le NPD a toujours voté contre le gouvernement Harper - au moins 79 fois -, laissant ainsi d'abord aux bloquistes, puis aux libéraux le fardeau de venir à sa rescousse.

Les stratèges du NPD avaient même préparé un gâteau décoré de 79 bougies pour se moquer des libéraux au printemps. Maintenant, les rôles sont inversés et les libéraux prennent un malin plaisir à tourner en ridicule les principes du NPD.

Selon ce qu'a appris La Presse, la décision éventuelle du NPD d'appuyer pour la première fois le gouvernement Harper provoque un malaise certain chez les députés. La pression a diminué quelque peu hier après que le Bloc québécois eut annoncé ses intentions au sujet du vote de vendredi.

Mais le NPD, qui a vu ses appuis chuter dans les sondages depuis quelques semaines, sera de nouveau placé devant le même dilemme en octobre.

C'est que le Parti libéral a la ferme intention de déposer une motion de censure envers le gouvernement Harper durant la journée de l'opposition qui lui sera attribuée deux jours après le dépôt du troisième rapport sur l'état de santé de l'économie, prévu le 28 septembre.

Et le Bloc québécois a déjà fait savoir qu'il appuiera la motion de censure des libéraux si elle exprime clairement et simplement la non-confiance des Communes envers le gouvernement.

Interrogé hier sur la question de savoir si son parti faisait confiance au gouvernement Harper, M. Layton a esquivé la question.

«Pour nous, c'est toujours une question d'essayer d'améliorer le sort des Canadiens», a-t-il dit.

Les Communes ne siègent pas la semaine prochaine en raison du sommet du G20 à Pittsburgh, auquel M. Harper doit participer.