Stephen Harper et George W. Bush étaient tous deux conservateurs. Mais leurs personnalités bien différentes rendaient leurs relations plus compliquées. Paradoxalement, le premier ministre canadien pourrait bien forger des liens plus étroits avec Barack Obama.

C'est du moins l'analyse de Charles Doran, historien à l'Université Johns Hopkins à Baltimore, qui étudie les relations canado-américaines depuis plus de 40 ans. Les temps sont mûrs pour un rapprochement : même si l'idéologie du président américain est éloignée de celle de M. Harper, ils ont tous deux un esprit analytique.

 

«La première chose dont Barack Obama va parler à M. Harper, c'est la clause Buy American du plan de stimulus fiscal, dit M. Doran. Ensuite, il parlera de l'Afghanistan. M. Harper est très bien placé pour expliquer les intérêts canadiens à M. Obama, qui a besoin de son appui en Afghanistan et au prochain sommet du G8.»

Personnalité, idéologie, mais aussi les aléas de la politique ont marqué les relations entre les présidents américains et les premiers ministres canadiens. Charles Doran a puisé dans sa mémoire pour tracer quelques portraits de ces relations.

Jean Chrétien - George W. Bush

« L'idéologie n'explique pas vraiment la froideur de leurs relations. Le grand problème, c'est que la décision canadienne de ne pas aller en Irak a été décrite dans les médias comme un pied de nez aux États-Unis.»

Jean Chrétien - Bill Clinton

«Chrétien a été énormément reconnaissant à Clinton d'avoir fait, avant le référendum de 1995, un vibrant plaidoyer en faveur d'un Canada uni et de la poursuite des négociations plutôt que de la séparation.»

Brian Mulroney - Ronald Reagan

«Les deux avaient le même sens des relations publiques. Les visites de Mulroney à Washington ont été les plus fastueuses et les plus spectaculaires de tous les premiers ministres canadiens.»

Pierre Elliott Trudeau - Richard Nixon

«L'idéologie aurait dû les séparer, notamment au niveau de la politique étrangère, mais leur pragmatisme leur a permis de continuer à travailler ensemble à un moment où les intérêts économiques canadiens et américains s'écartaient de plus en plus, à cause de l'inflation et de l'abandon du lien du dollar avec l'or.»

Lester B. Pearson - Lyndon B. Johnson

«Johnson n'a jamais pardonné à Pearson d'avoir publiquement condamné la guerre au Vietnam.»

John Diefenbaker - John F. Kennedy

«Pour des raisons de politique interne, Diefenbaker a fait traîner en longueur les négociations sur l'installation de missiles nucléaires au Canada, au grand déplaisir de Kennedy. De plus, Diefenbaker était un populiste des Prairies qui n'était pas à l'aise dans les relations personnelles, à l'opposé de Kennedy, qui privilégiait le pragmatisme à l'art oratoire de Diefenbaker.»