Le gouvernement conservateur a confirmé lundi, au premier jour de la rentrée parlementaire, qu'il déposera vendredi une motion entraînant un vote de confiance, quelques heures après avoir annoncé des mesures pour venir en aide aux travailleurs de longue date qui ont perdu leur emploi.

L'opposition appelle depuis plusieurs mois le gouvernement à apporter des changements au régime d'assurance-emploi, un dossier de discorde avec les troupes de Stephen Harper. Et même s'ils ont fait connaître leur intention de présenter leur projet de loi à quelques jours d'un vote susceptible de faire tomber le gouvernement, les ministres des Ressources humaines, Diane Finley, et du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, se sont défendus de tenter de séduire les partis d'opposition.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a mis fin à plusieurs jours d'incertitude, lundi à Ottawa, en confirmant que son parti déposerait une motion de voies et moyens aux Communes vendredi. Cette dernière, qui est habituellement une procédure de routine, entraîne un vote de confiance immédiat. Le gouvernement conservateur pourrait donc alors être renversé, à moins d'obtenir l'appui d'un des partis d'opposition.

La motion déposée vendredi ne comptera cependant que des mesures du dernier budget fédéral, notamment sur les crédits d'impôt à la rénovation domiciliaire, pour l'achat d'une première maison et pour les victimes d'inondation ou de sécheresse, a certifié le ministre Flaherty. Si tel est le cas, elle devrait réussir à obtenir l'appui d'au moins un parti.

Mais les libéraux de Michael Ignatieff ont déjà fait savoir qu'ils tenteront de faire tomber le gouvernement du premier ministre Harper à la première occasion. Et lundi, leur discours demeurait inchangé.

«Si vous voulez parler de crédit de rénovation (...) on est d'accord avec ça. Mais ce qu'on a dit, c'est que là c'est une question de confiance. (...) On n'a plus confiance en ce gouvernement-là», a répété le lieutenant politique pour le Québec de Michael Ignatieff, Denis Coderre.

La balle est donc dans le camp du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Le Bloc a de son côté averti qu'il n'appuierait pas le gouvernement si la motion contient des mesures qui vont à l'encontre des positions du parti. Mais si ce n'est pas le cas, les conservateurs pourraient bien obtenir son appui.

«On verra ce qu'il y a dedans. Je le répète, si c'était sur la rénovation domiciliaire essentiellement, pas de problème. Mais sur l'ensemble de l'oeuvre (du gouvernement), on n'est pas d'accord avec ce gouvernement. (...) J'espère qu'il n'y a pas de pilules empoisonnées dans ces voies et moyens», a indiqué le chef bloquiste, Gilles Duceppe, à la sortie de la période des questions.

Autre parti susceptible de maintenir en vie le gouvernement Harper, le NPD a lui aussi laissé sous-entendre qu'il pourrait appuyer les conservateurs. Le chef, Jack Layton, a réitéré, à l'instar de ses députés ces derniers jours, qu'il étudierait à la pièce les propositions du parti avant de se prononcer.

«Notre préférence, c'est de travailler pour aider les chômeurs et les sans emploi, pas de retourner en élections. (...) Mais il n'y aura aucun chèque en blanc de la part du NPD. Nous allons étudier la proposition de l'assurance-emploi sérieusement, comme toutes les autres mesures que le gouvernement proposera», s'est-il contenté d'affirmer, réagissant aux mesures rendues publiques par les conservateurs un peu plus tôt. M. Layton n'a toutefois pas commenté le dépôt d'une motion de voies et moyens vendredi.

En début de journée, les ministres Finley et Blackburn ont annoncé qu'ils déposeraient un projet de loi faisant en sorte que les chômeurs qui ont occupé un emploi pendant plusieurs années et qui n'ont pas eu souvent recours aux prestations d'assurance-emploi aient droit à une prolongation de ces prestations de cinq à 20 semaines supplémentaires.

Pour avoir droit aux nouvelles mesures, les travailleurs devraient avoir cotisé au régime pendant au moins sept des 10 dernières années civiles et ne pas avoir touché de prestations régulières d'assurance-emploi pendant plus de 35 semaines au cours des cinq dernières années.

Questionnés à savoir si cette annonce visait à séduire des partis de l'opposition, à quelques jours d'un vote de confiance, les ministres ont préféré détourner la question.

«Le premier ministre avait indiqué au printemps que nous y travaillerions cet été. Nous espérions que Michael Ignatieff vienne de bonne foi à la table des négociations du comité bipartite sur l'assurance-emploi, cet été, et qu'il contribue à ce programme. Malheureusement, Michael Ignatieff a choisi de quitter (la table de négociations)», a rétorqué la ministre Finley, profitant de l'occasion pour critiquer le chef libéral.

Si elle est mise en oeuvre, cette mesure coûterait 935 millions $ et viendrait en aide à 190 000 travailleurs, selon la ministre Finley.