Après avoir claqué la porte du Parti conservateur, l'ancien conseiller du parti pour le Québec, Pierre Brien, porte un nouveau coup aux troupes de Stephen Harper, malmenées depuis quelques jours, et discute d'un retour avec le Bloc québécois.

Recruté par le premier ministre Harper au mois de juin, M. Brien a décidé dernièrement de quitter ses fonctions, trois mois seulement après son arrivée chez les conservateurs. Député du Bloc québécois entre 1993 et 2003, M. Brien songerait à effectuer un retour chez les bloquistes.

Un stratège du Bloc québécois a confirmé à La Presse Canadienne, jeudi, que son parti «a eu des discussions préliminaires» avec Pierre Brien.

Mais rien n'est joué, a souligné le principal intéressé.

«Je ne suis pas fermé à l'idée de faire de la politique à nouveau. (...) Que des gens du Bloc manifestent de l'ouverture par rapport à ça, moi, je suis content (...) mais de penser qu'on est à la veille d'une entente, d'une candidature, c'est très, très prématuré», a soutenu M. Brien, en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne.

De plus, il reste encore à lui trouver une circonscription, puisque tous les candidats du Bloc seront de retour au front s'il y a une campagne électorale à l'automne, a précisé le stratège bloquiste.

Néanmoins, si le Bloc parvient à joindre M. Brien à sa liste de candidats, le parti pourrait tirer profit dans sa campagne de son bref séjour en terre conservatrice, avorté subitement, puisque le parti souverainiste martèle depuis longtemps que les conservateurs ne comprennent pas le Québec. Pierre Brien a avoué avoir rompu ses liens avec le parti de M. Harper parce qu'il ne s'y sentait pas à l'aise.

«Ca s'est su assez rapidement que les raisons de mon départ du Parti conservateur c'est que je n'étais pas à l'aise avec... J'ai vite réalisé que ce n'était pas vraiment ma place politiquement. (...) Ca me mettait en rupture avec une partie importante de mes convictions. Fait que quand j'ai réalisé ça, j'ai dit je sors d'ici», a expliqué M. Brien.

Autre carte à son jeu, l'ex-bloquiste a également travaillé pour l'Action démocratique du Québec (ADQ), parti pour lequel il a été candidat aux élections provinciales de 2003 et de 2008. Et comme l'ADQ a connu un certain succès dans la région de la Vieille Capitale, les troupes bloquistes pourraient ici aussi se servir de Pierre Brien pour séduire des électeurs.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a toutefois de son côté été avare de commentaires quant à la possible candidature de M. Brien à un scrutin automnal. M. Duceppe s'est contenté de répondre, comme à son habitude, qu'il «ne fait jamais de stratégie ouverte».

Mais au moment où des rumeurs circulent à l'effet que les conservateurs éprouvent des difficultés au Québec, plusieurs membres québécois du parti ont confié à La Presse Canadienne que des stratèges de la formation politique étaient contrariés par la façon dont le bureau du premier ministre traite des enjeux propres au Québec.

L'équipe de Stephen Harper se montre intransigeante face aux sensibilités de la province, ont déploré certaines sources.

Selon eux, ils sont plusieurs à être conscients que leurs chances au Québec sont minces et certains auraient même jeté la serviette.

Les conservateurs «ont fait une croix sur le Québec», a affirmé l'un d'eux.

«Ils sont bien conscients de ce qui s'en vient et ils sont très sereins en acceptant ce qui se passe. Et ils ont un peu abandonné», a-t-il laissé tomber.

Le quotidien Le Devoir rapportait, dans son édition de jeudi, qu'une analyse interne commandée par le Parti conservateur révélait que ce dernier aurait perdu six des dix sièges qu'il détient au Québec si une élection fédérale avait eu lieu à la fin août. Selon le document, le siège de M. Lebel serait notamment en péril.

Le député de Roberval-Lac-Saint-Jean, Denis Lebel, a lui-même reconnu que sa situation dans son comté était précaire.

«C'est clair que je sais très bien que dans mon coin de pays c'est fragile. (...) Et je vais tout faire pour rester député de ce comté-là», a souligné M. Lebel, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

Outre la révélation du Devoir, les sondages ne donnent pas non plus de quoi se réjouir aux troupes de Stephen Harper. Les conservateurs demeurent en tête des intentions de vote à l'échelle du pays, mais de peu. Et au Québec, le parti se classe toujours troisième, derrière le Bloc et le Parti libéral.