Les libéraux de Michael Ignatieff demeurent fermes dans leur volonté de provoquer la chute du gouvernement Harper à la Chambre des communes - et de forcer des élections fédérales cet automne - même si une série de sondages démontrent qu'ils traînent derrière les conservateurs dans les intentions de vote.

Un sondage Nanos-La Presse n'a pas refroidi l'ardeur des stratèges libéraux mercredi, même s'il révèle que les appuis au Parti conservateur ont bondi de six points depuis que le chef libéral Michael Ignatieff a brandi la menace de renverser le gouvernement Harper à la première occasion aux Communes.

Ce sondage accorde 37,5% des appuis aux troupes de Stephen Harper contre 33,4% au Parti libéral et 14,8% au NPD. Au Québec, le Bloc québécois domine toujours avec 37,3% contre 32,5% au Parti libéral, 19,3% au Parti conservateur et 8,9% au NPD.

«Nous sommes toujours aussi déterminés à renverser ce gouvernement. Nous avons hâte de faire mentir tous ces sondages. Michael Ignatieff a lui-même très hâte d'en découdre avec les conservateurs. Le chef est mentalement prêt à y aller et à livrer une bataille féroce», a affirmé mercredi à La Presse un stratège libéral sous le couvert de l'anonymat.

Le Parti libéral compte utiliser la journée de l'opposition qui lui sera accordée deux jours après le dépôt du troisième rapport du ministre des Finances Jim Flaherty sur l'état de santé de l'économie, le 28 septembre, pour déposer une motion de censure contre le gouvernement minoritaire de Stephen Harper. Le Parti libéral a besoin de l'appui du NPD et du Bloc québécois pour arriver à ses fins et tout indique qu'il l'obtiendra. Le cas échéant, les élections auraient lieu le 9 ou le 16 novembre.

Toutefois, le gouvernement Harper pourrait forcer la tenue d'un vote de confiance dès la semaine prochaine, quand les Communes reprendront leurs travaux, en déposant une motion pour adopter les crédits budgétaires. Si tel est le cas, les élections auraient lieu le 26 octobre. Mais des stratèges conservateurs semblent avoir maintenant écarté cette option après l'avoir évoquée la semaine dernière.

Reprise

Pour le moment, la stratégie des conservateurs, qui ne veulent pas d'élections fédérales cet automne, est de démontrer aux Canadiens qu'ils s'attellent à la tâche qui leur incombe de gouverner le pays. «Les Canadiens ne veulent pas d'élections qui pourraient fragiliser la reprise économique. Nous maintenons le cap sur notre programme», a affirmé à La Presse le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn.

Selon des sources, le gouvernement Harper compte donc déposer des modifications au programme de l'assurance emploi et des mesures pour durcir les peines imposées aux «criminels à cravate» dès la semaine prochaine.

Pour sa part, le Bloc québécois intensifie sa campagne visant à attaquer Michael Ignatieff. Des députés bloquistes ont expédié des dépliants de la Chambre des communes dans plusieurs foyers du Québec, aux frais des contribuables, dans lesquels ils affirment que Michael Ignatieff et Stephen Harper sont des «complices» pour dépouiller le Québec de ses pouvoirs.

«Force est de constater que Michael Ignatieff suit les sillons creusés par les Trudeau, Chrétien, Martin et Dion pour ce qui est de dépouiller le Québec de ses pouvoirs», affirme-t-on dans ce dépliant. On y souligne que les libéraux, comme les conservateurs, sont favorables à la création d'une commission nationale des valeurs mobilières. Le dépliant a été envoyé dans certains foyers de Gatineau par la députée bloquiste de Vaudreuil-Soulanges, Meili Faille.