Alors que les partis rodent leurs slogans en prévision des élections qui se dessinent cet automne, les résultats d'un sondage exclusif Nanos/La Presse démontrent que la décision de Michael Ignatieff de faire tomber le parti de Stephen Harper est un pari risqué.

Le Parti conservateur a vu ses appuis bondir dans les intentions de vote au pays depuis que les libéraux de Michael Ignatieff ont brandi la menace de provoquer de nouvelles élections générales cet automne.

Un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse démontre que les conservateurs de Stephen Harper obtiendraient 37,5% des suffrages si des élections avaient lieu aujourd'hui, soit un score presque identique aux résultats du dernier scrutin, tenu le 14 octobre 2008 (37,7%).

Il s'agit d'un bond de près de six points de pourcentage par rapport au dernier coup de sonde réalisé par Nanos, en août.

Le Parti libéral, pour sa part, obtiendrait 33,4% des voix, soit environ le même pourcentage que le mois dernier (33,8%), mais une nette amélioration comparativement aux résultats du dernier scrutin (26,3%) alors que Stéphane Dion était à la barre du parti.

Le NPD, qui ne souhaite pas la tenue d'élections fédérales cet automne, voit quant à lui ses appuis passer de 18,7% à 14,8% à l'échelle du pays.

Au Québec, le Bloc québécois continue de dominer avec 37,3% des intentions de vote. Le Parti libéral arrive bon deuxième avec 32,5%. Le Parti conservateur est toujours troisième, mais ses appuis ont augmenté de six points de pourcentage et se situent maintenant à 19,3 %. Au dernier scrutin, les conservateurs ont obtenu 22% des suffrages et remporté 10 des 75 sièges au Québec.

En Ontario, qui compte le tiers des 308 sièges à la Chambre des communes, le Parti conservateur et le Parti libéral sont à égalité, à 38,5% et 39,6% des appuis, respectivement. Le NPD doit se contenter de 15,6% des intentions de vote.

Ce sondage a été réalisé auprès de 1003 Canadiens entre le 28 août et le 2 septembre, au moment même où le chef libéral Michael Ignatieff a annoncé, à une réunion de son caucus à Sudbury, que les libéraux tenteraient de renverser le gouvernement à la première occasion. Les Communes reprennent leurs travaux le 14 septembre.

Pour le président de la firme Nanos, Nik Nanos, les résultats de ce sondage démontrent que la décision du chef libéral de mettre fin au régime des conservateurs cet automne est un pari hautement risqué.

«Il appert que les électeurs réfléchissent actuellement à deux options, celle de Stephen Harper et celle de Michael Ignatieff. Mais un stratège libéral qui examine ces chiffres, qui voit que les tories regagnent du terrain au Québec et que les deux partis sont à égalité en Ontario, comprend rapidement qu'un scrutin fédéral cet automne est très risqué. Mais cela l'est aussi dans une moindre mesure pour les conservateurs», a expliqué M. Nanos.

Un taux d'indécis élevé

Cela dit, le sondeur a souligné que le nombre de Canadiens qui se disent indécis a augmenté de manière importante au cours du dernier mois. Près d'un Canadien sur quatre (24,6%) affirme ne pas savoir quel parti il appuierait si des élections avaient lieu aujourd'hui. En août, environ 15% des personnes interrogées se disaient indécises.

«Le taux d'indécis est plus élevé que la moyenne. Cela est probablement imputable au fait que nous sommes dans une période préélectorale et qu'un nombre important de Canadiens attendent encore avant de porter un jugement sur les partis et leur chef», a affirmé M. Nanos.

La marge d'erreur du sondage Nanos est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Elle est plus élevée dans le cas des échantillons régionaux (plus ou moins 7,1 points dans le cas du Québec).

Les résultats de ce sondage surviennent au moment où tous les partis politiques se préparent à une campagne électorale qui semble inévitable.

Le Parti libéral a lancé les hostilités au cours de la fin de semaine en dévoilant trois messages publicitaires dans lesquels Michael Ignatieff critique le bilan du gouvernement Harper dans le domaine de l'économie et de l'environnement.

Le Bloc québécois a aussi lancé hier une offensive publicitaire visant à convaincre les électeurs du Québec que Michael Ignatieff et Stephen Harper défendent essentiellement les mêmes points de vue.

Le Parti conservateur n'a rien laissé filtrer, mais Stephen Harper et ses ministres ont affirmé qu'un scrutin moins de 12 mois après le dernier pourrait mettre en péril la fragile reprise économique qui se profile à l'horizon.

De passage à Waterloo, en Ontario, hier, Michael Ignatieff a répété que sa décision de mettre fin au régime des conservateurs était fondée sur des principes et non sur les résultats de sondages.

Méthodologie  

Dans le cadre d'un sondage téléphonique par échantillons aléatoires réalisé du 28 août au 2 septembre 2009, la firme Nanos Research a sondé 1003 Canadiens âgés de 18 ans et plus. La marge d'erreur est de plus ou moins 3,1 %, 19 fois sur 20. La marge d'erreur pour les 756 électeurs décidés est de plus ou moins 3,6%, 19 fois sur 20. Les résultats d'août 2009 proviennent d'un sondage téléphonique conduit au hasard auprès de 1002 Canadiens entre le 17 juillet et le 2 août 2009.

Photo: Reuters

Les conservateurs de Stephen Harper obtiendraient 37,5% des suffrages si des élections avaient lieu aujourd'hui, soit un score presque identique aux résultats du dernier scrutin, tenu le 14 octobre 2008 (37,7%).