Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, veut donner rapidement le ton à la prochaine bataille électorale en prononçant trois discours en moins d'une semaine à Ottawa, à Montréal et à Toronto, à partir du 14 septembre. Le thème de ces discours : l'économie, l'économie et encore l'économie.

M. Ignatieff, qui a annoncé mardi que ses troupes avaient la ferme intention de mettre fin au règne du gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper à la première occasion, prononcera son premier discours devant le Canadian Club d'Ottawa au prestigieux hôtel Château Laurier, le 14 septembre, jour de la reprise des travaux parlementaires.

Il doit aussi prononcer un discours à saveur économique le 21 septembre devant le Canadian Club de Toronto. Les stratèges libéraux planchent sur un troisième discours qui sera prononcé à Montréal, selon des informations obtenues par La Presse.

«Ces discours donneront le ton à la prochaine campagne électorale. Michael Ignatieff présentera sa vision économique et rappellera le bilan impressionnant des libéraux en matière de gestion des finances publiques, en particulier l'élimination du déficit», a expliqué vendredi un stratège libéral sous le couvert de l'anonymat.

Dans les années 90, le gouvernement libéral de Jean Chrétien a éliminé un déficit de 42 milliards en quatre ans en réduisant les dépenses, notamment les paiements de transfert aux provinces. Cette semaine, les libéraux ont promis de venir à bout de ce boulet financier sans augmenter les impôts des contribuables et sans sabrer dans les transferts aux provinces.

Les conservateurs de Stephen Harper ont aussi affirmé qu'ils comptent venir à bout du déficit en tablant essentiellement sur une reprise de l'économie, sans réduire les paiements aux provinces ou augmenter le fardeau fiscal des Canadiens.

De passage à Vancouver, vendredi, le chef libéral a d'ailleurs donné toutes les indications que l'état de santé de l'économie serait l'un des principaux thèmes de sa campagne.

«L'économie souffre encore. Un million et demi de Canadiens se cherchent du travail. Les faillites sont en hausse de 50%. Nous accusons un déficit de 50 milliards. Et l'OCDE affirme que nous aurons la reprise la plus longue et la plus pénible des pays membres. Nous sommes d'avis que ce n'est pas suffisant et nous pouvons faire mieux», a soutenu M. Ignatieff durant un point de presse.

«Nous allons sortir de cette récession. Mais la question est de savoir qui est le mieux placé pour diriger le Canada durant la reprise. En matière de lutte contre le déficit, nous avons de la crédibilité. Nous avons hérité d'un déficit de 42 milliards de Brian Mulroney et du dernier gouvernement conservateur, et nous l'avons éliminé sans augmenter les impôts. Nous allons hériter d'un déficit dépassant les 50 milliards de M. Harper et nous allons l'éliminer. Nous l'avons fait dans le passé et nous allons le refaire», a-t-il ajouté.

Des partis aux aguets

Même si le signal du départ n'a pas encore été officiellement donné, tous les partis politiques se préparent à se lancer en campagne à la mi-septembre. Le Parti conservateur, le Parti libéral et le NPD ont nolisé des avions, des autocars et mis sur pied leur cellule de guerre pour répondre aux attaques des uns et des autres. Le Bloc québécois a aussi nolisé des autocars et la nomination des candidats va bon train.

Les libéraux ont promis de déposer une motion de censure envers le gouvernement Harper au début d'octobre. Mais les conservateurs pourraient forcer un vote de confiance plus tôt, le 17 septembre, en déposant une motion de voies et moyens pour adopter les crédits budgétaires et mettre en oeuvre certains éléments du dernier budget.

Le cas échéant, le prochain scrutin fédéral (le quatrième en cinq ans) aurait lieu le 26 octobre. D'ores et déjà, la lutte s'annonce serrée entre les conservateurs et les libéraux, que plusieurs sondages placent au coude à coude dans les intentions de vote à l'échelle du pays.

Au Québec, un coup de sonde réalisé par la firme Léger Marketing et publié dans Le Devoir accorde 35% au Bloc québécois, 30% au Parti libéral, 16% au NPD et 16% au Parti conservateur.

Au chapitre de la confiance des Québécois envers les chefs, le bloquiste Gilles Duceppe arrive en tête avec 32%, suivi du néo-démocrate Jack Layton avec 23%. Michael Ignatieff inspire confiance à 14% des personnes interrogées, et Stephen Harper arrive dernier avec 12%.