Le gouvernement Harper a soumis hier aux autorités américaines l'ébauche d'un accord bilatéral qui permettrait aux entreprises des États-Unis de participer aux appels d'offres pour des projets financés par les provinces et les municipalités, a appris La Presse.

De même, les entreprises canadiennes pourraient, elles aussi, soumissionner pour des projets financés dans le cadre du projet de relance de près de 800 milliards adopté par l'administration démocrate de Barack Obama.

 

Par cet accord, le gouvernement Harper tente de contrer les velléités protectionnistes des autorités américaines, en particulier la clause dite Buy American du plan de relance qui a pour effet d'exclure les entreprises canadiennes des appels d'offres reliés aux projets d'infrastructures des États américains et des municipalités.

Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a envoyé hier à son homologue américain, Ronald Kirk, une lettre expliquant les détails de la proposition canadienne à laquelle les provinces ont donné leur aval au cours des derniers jours.

Dans cette lettre, que La Presse a obtenue, M. Day exprime la volonté du gouvernement canadien de conclure un accord de réciprocité permanent qui permettrait aux entreprises des deux côtés de la frontière de participer aux appels d'offres lancés par les provinces et les municipalités canadiennes ainsi que les États et les municipalités américains.

«Notre proposition représente des avantages mutuels pour le Canada et les États-Unis», écrit M. Day dans la lettre.

«Non seulement cette proposition offre des avantages économiques à nos pays, mais elle montre un exemple concret au reste du monde que le protectionnisme n'est pas la solution à nos problèmes économiques actuels», ajoute M. Day.

Le ministre a même annoncé à son homologue qu'il confiait à son sous-ministre adjoint, Don Stephenson, le mandat de négocier les modalités d'un accord permanent pour illustrer le désir du Canada de régler ce dossier rapidement. Des fonctionnaires canadiens sont également prêts à se rendre à Washington dans les plus brefs délais afin d'expliquer les détails de la proposition canadienne pour que les négociations puissent être entamées.

Le gouvernement Harper, les dirigeants des provinces et des municipalités ont exprimé à plusieurs reprises leurs craintes de voir une montée du protectionnisme aux États-Unis. Ils ont aussi exhorté le président Obama et le Congrès américain à rayer cette clause dite Buy American, affirmant que cela pourrait faire dérailler la reprise économique. Ils ont aussi rappelé que ce sont des protectionnistes qui ont transformé la crise économique des années 30 en Grande Dépression. Ces dernières semaines, Ottawa et les provinces ont travaillé de concert pour lutter contre le vent de protectionnisme qui souffle au sud de la frontière. Stephen Harper et ses homologues des provinces ont même tenu une conférence téléphonique en juin afin de définir une position commune.

Cette épineuse question a aussi été discutée lors de la dernière réunion du Conseil de la Fédération à Regina, il y a deux semaines. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, s'est fait l'un des plus farouches défenseurs du libre-échange parmi les premiers ministres des provinces.