Après avoir consulté leurs partisans, les chefs bloquiste et néo-démocrate sont conscients que les électeurs ne sont pas très chauds à l'idée de devoir vivre une autre élection générale, mais ils croient qu'ils souhaiteraient malgré tout un vent de changement à Ottawa.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a poursuivi ce qui ressemble de plus en plus à une tournée pré-électorale, vendredi, en affirmant être fin prêt à se lancer dans une nouvelle campagne, malgré les motifs qui pourraient mener à son déclenchement et la tenue d'élections municipales au Québec vers la même période.

La réforme de l'assurance-emploi est au coeur d'un litige entre le Parti conservateur et le Parti libéral, et la formation d'un comité conjoint ne semble en rien avoir rapproché les deux camps. Ce dossier pourrait mener à un vote de censure du gouvernement au Parlement, fin septembre, qui pousserait les Canadiens vers un quatrième scrutin national en un peu plus de cinq ans.

Malgré cela, croit le chef du Bloc, les électeurs dans l'ensemble du pays seront attentifs aux principaux enjeux qui les concernent, et ne remettront pas en question la pertinence d'un éventuel scrutin fédéral.

«Si vous demandez aux citoyens s'ils ont envie ou non d'aller aux urnes, ils vont vous répondre: «On vient tout juste d'avoir une élection il y a un an'. Mais d'un autre côté, si vous leur demandez: «Etes-vous d'accord avec l'attitude des conservateurs quant à l'assurance-emploi', ils vont vous répondre que non», a souligné M. Duceppe, en anglais, lors d'un point de presse.

«Quand une campagne commence, les Québécois, et les Canadiens de la même façon, veulent entendre des réponses sur des questions qui leur tiennent à coeur», a-t-il fait remarquer, après avoir prononcé une allocution devant des membres de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) dans les locaux de l'UQAM.

Et les questions de l'assurance-emploi, de la crise économique, de la situation des forêts et de l'Afghanistan en sont d'importance, a-t-il renchérit.

M. Duceppe a soulevé un raisonnement semblable pour justifier la tenue d'un scrutin fédéral qui pourrait reléguer au second plan les élections municipales du 1er novembre au Québec.

«Allez voir des chômeurs, puis dites-leur que les politiques qui leur sont proposées sont mauvaises, mais que je vais les appuyer parce qu'il y a une élection municipale. La réponse s'impose: les gens ne seraient pas contents, et avec raison», a lancé M. Duceppe.

Du côté du Nouveau Parti démocratique (NPD), le chef Jack Layton a tenu le même discours que son collègue québécois.

«Je n'ai pas entendu plusieurs personnes réclamer des élections. Mais, c'est ironique, la même personne vous répondra: «Sortez Harper de là'», a certifié M. Layton, lui aussi en point de presse à Montréal, vendredi.

«Les Canadiens ont une opinion sur leur gouvernement et s'ils veulent le conserver ou s'en débarrasser. (...) C'est comme le sirop pour la toux - vous savez que ça ne goûte pas bon, mais parfois ils faut le prendre quand même», a-t-il illustré à la blague.

Sans dire qu'il souhaitait la tenue d'un scrutin cet automne, M. Duceppe a par ailleurs laissé sous-entendre que sa machine électorale roulait déjà à pleine vapeur.

Le chef du Bloc a confié qu'il avait participé en début de journée à une rencontre pour prendre la décision finale sur les thèmes électoraux. De plus, a-t-il rappelé, le parti a déjà tenu plusieurs assemblées d'investiture, le comité électoral est sur pied depuis juin, le comité technique est prêt et les campagnes de publicité ont été élaborées.

«Si ç'a lieu, on est fin prêt», a résumé M. Duceppe.

Du côté des troupes libérales, le chef Michael Ignatieff était dans le sud du Québec, vendredi, avec plusieurs douzaines de candidats lors d'un atelier de préparation en vue d'éventuelles élections.

Et pendant que ses futurs candidats se faisaient prendre en photo pour leurs affiches de campagne, M. Ignatieff a malgré tout soutenu qu'il ne se préparait pas à défaire les conservateurs. Il s'agit juste d'être préparé, a-t-il argué.

Même si les négociations sur la réforme de l'assurance-emploi semblent au point mort, le chef libéral a affirmé qu'il avait toujours le débat à coeur, insistant pour dire qu'il était peu probable que cette seule question entraîne le déclenchement d'élections.