Les libéraux de Michael Ignatieff n'ont plus qu'une chose en tête à l'approche de la rentrée parlementaire: renverser le gouvernement conservateur. À moins d'un revirement majeur, les libéraux profiteront de la journée de l'opposition qui leur sera accordée fin septembre pour déposer une motion de censure envers le gouvernement Harper afin de provoquer des élections à l'automne.

Si les libéraux obtiennent l'appui du Bloc québécois et du NPD, ce qui semble acquis à en juger par les déclarations du chef bloquiste, Gilles Duceppe, et du leader du NPD, Jack Layton, des élections auraient lieu le lundi 9 novembre. Il s'agirait du quatrième scrutin en cinq ans et du deuxième en douze mois.

«Le temps où les libéraux appuyaient les conservateurs est révolu. Et les propos de Michael Ignatieff à ce sujet depuis quelques semaines sont assez limpides», a affirmé à La Presse un proche collaborateur de M. Ignatieff, qui a requis l'anonymat.

«Un consensus assez solide s'installe dans les rangs libéraux. Il n'est plus question d'assurer la survie du gouvernement de Stephen Harper. Michael Ignatieff doit y mettre fin», a ajouté une autre source libérale.

«Il n'y aura pas de meilleure occasion pour défaire le gouvernement Harper que cet automne. Michael Ignatieff ne peut se permettre à nouveau de soutenir les conservateurs. Autrement, il va se faire comparer à Stéphane Dion», a encore soutenu un stratège libéral.

Les troupes libérales sont en état d'alerte depuis la fin de la session parlementaire de juin. Durant la dernière session, Michael Ignatieff avait menacé de renverser le gouvernement au cours du vote sur les crédits budgétaires, à moins que Stephen Harper ne se plie à quatre conditions: réforme du programme de l'assurance emploi, un plan pour pallier la pénurie des isotopes médicaux à la suite de la fermeture du réacteur nucléaire de Chalk River, un bilan des dépenses réelles engagées dans les projets d'infrastructures et un plan pour rétablir l'équilibre budgétaire à Ottawa.

Mais M. Ignatieff a dû battre en retraite après le refus de M. Harper de donner suite à ses exigences. Le chef libéral a finalement obtenu la création d'un comité bipartite pour examiner les réformes

possibles au régime d'assurance emploi.

Michael Ignatieff a aussi réussi à arracher du gouvernement Harper une journée de l'opposition deux jours après la présentation du troisième rapport sur l'état de santé de l'économie par le ministre des Finances, Jim Flaherty, le 28 septembre. Pour les stratèges libéraux, il est acquis que Michael Ignatieff profitera de cette journée pour présenter une motion de censure contre le gouvernement minoritaire conservateur.

Fin prêts

Les troupes libérales se réuniront à Sudbury, dans le nord de l'Ontario, du 31 août au 2 septembre afin de peaufiner leur stratégie en prévision de la rentrée parlementaire du 14 septembre. Ils feront alors le point sur leur préparation en vue d'une campagne électorale.

Les libéraux affirment être prêts à en découdre avec les conservateurs, même si les derniers sondages démontrent que le Parti conservateur et le Parti libéral sont à égalité dans les intentions de vote. «Ce n'est pas trois ou quatre mois de plus qui nous permettront d'être plus prêts», a affirmé un député libéral.

La rédaction du programme électoral est presque terminée. La machine libérale a aussi réussi à récolter plus d'argent que par le passé. Le recrutement de candidats d'envergure est également plus facile que lorsque Stéphane Dion dirigeait les troupes.

«Nous allons avoir l'argent nécessaire pour mener une campagne nationale digne et dépenser la limite permise par la loi», a-t-on indiqué.

Les stratèges libéraux croient qu'une victoire est possible si Michael Ignatieff mène une bonne campagne. Toutefois, ils reconnaissent que la victoire est loin d'être acquise. À l'heure actuelle, le Parti conservateur détient 143 sièges et le Parti libéral, 77. Le Bloc québécois a 48 sièges et le NPD, 36. Il y a un député indépendant et trois sièges vacants.

Les libéraux reconnaissent qu'ils doivent faire des gains importants au Québec et en Ontario. Au Québec, ils détiennent 14 des 75 sièges et ils ont comme objectif de doubler ce nombre.