Le gouvernement fédéral offrira 75 millions de dollars aux éleveurs porcins pour qu'ils quittent ce secteur agro-alimentaire en perte de vitesse, a annoncé le ministre de l'Agriculture, Gerry Ritz, samedi.

Selon M. Ritz, certaines activités liées à l'élevage de porc ne sont pas viables. En conséquence, les fermiers ont besoin d'aide. Il a toutefois annoncé que ceux qui choisiraient de demeurer pourraient demander un nouveau prêt à long terme leur permettant restructurer leur entreprise.

Il a ajouté que le secteur porcin a besoin d'aide pour traverser l'actuelle récession mais qu'il redeviendra bientôt rentable.

«Nous devons réaliser que certains producteurs quitteront le secteur et nous devons réduire les surplus de production, a affirmé M. Ritz, samedi, au Manitoba. Les producteurs qui traverseront cette tempête économique devront restructurer leur entreprise pour s'ajuster aux nouvelles réalités du marché.»

Le gouvernement injecte aussi 17 millions dans le marketing auprès des consommateurs.

Le ministre n'était pas en mesure samedi d'évaluer le nombre de producteurs qui abandonneraient ce secteur et n'a pas pu préciser la valeur des montants compensatoires.

Il s'agira de cas par cas, a-t-il mentionné.

Les éleveurs de porcs canadiens ont demandé 800 millions au gouvernement fédéral pour aider leur secteur, arguant avoir été durement touchés par l'augmentation du prix de la nourriture des bêtes, la force du dollar canadien et la grippe A(H1N1).

Le président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, Jean-Guy Vincent, s'est dit content de l'annonce du gouvernement fédéral.

En entrevue à Radio-Canada, samedi, M. Vincent a dit que le gouvernement faisait écho aux attentes de la Fédération. Il s'est réjouit qu'Ottawa soit intervenu avant l'automne et parlé d'une «très bonne réponse du gouvernement canadien». La Fédération se donne jusqu'en 2014 pour insuffler un second souffle à l'industrie porcine.

Le président du Conseil canadien du porc, Jurgen Preugschas, a soutenu que ces fonds changeraient peu les prévisions de faillites et de forclusions dans l'industrie.

M. Preugschas a indiqué que sa ferme d'élevage en Alberta essuyait des pertes de 15 000$ par semaine. L'argent du gouvernement aidera l'industrie canadienne du porc dans son ensemble à survivre, mais il y aura un prix à payer, a-t-il fait valoir.

«Les producteurs auront des décisions très difficiles à prendre concernant leur avenir», a soutenu M. Preugschas.

Le président de la Fédération canadienne de l'agriculture, Laurent Pellerin, a souligné que les porcs se vendaient actuellement à moins d'un dollar la tête, alors qu'ils valent environ 200$. M. Pellerin, producteur de porc au Québec depuis 37 ans, a qualifié la situation de «dévastatrice».

La combinaison de prêts, d'indemnités de départ et de campagnes de promotion est un bon début, mais ces mesures ne mettront pas fin à la crise, a-t-il prédit.

Les libéraux fédéraux ont critiqué la réponse d'Ottawa, estimant que c'était «trop peu, trop tard». Le porte-parole libéral en matière d'agriculture, Wayne Easter, a affirmé par voie de communiqué que ces prêts aidaient peu les centaines de producteurs qui sont déjà endettés.