Les libéraux fédéraux tentent de regagner la faveur de l'électorat juif après avoir vu leurs appuis s'amenuiser au profit des conservateurs lors du scrutin de 2008.

La députée libérale Anita Neville, elle-même juive, a constaté au terme de la dernière campagne électorale que des électeurs qui lui étaient auparavant fidèles avaient été attirés par la position pro-Israël sans équivoque du Parti conservateur de Stephen Harper.Le phénomène a été ressenti dans d'autres circonscriptions libérales comptant une importante communauté juive. L'une de ces circonscriptions a même viré au bleu.

«J'ai certains électeurs pour qui la situation en Israël est l'unique enjeu, et qui votent en fonction de cet enjeu, et notre parti n'avait pas une position claire sur la question (lors de la campagne de 2008)», a remarqué Mme Neville. «Ce n'est plus le cas», a-t-elle soutenu.

Le chef libéral Michael Ignatieff a livré l'un de ses discours pro-Israël les plus convaincants, le mois dernier, devant le Congrès juif canadien. Il a ainsi distancé son parti de sa position de neutralité morale sur les enjeux du Proche-Orient, qui déplaisait à plusieurs membres de la communauté juive.

«Entre démocratie et terrorisme, nous ne pouvons rester neutres», avait déclaré M. Ignatieff.

Mais regagner le terrain perdu ne sera pas chose simple. Il n'y a qu'à consulter l'ordre du jour du ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, Jason Kenney, pour constater l'importance accordée par les conservateurs à la lutte contre l'antisémitisme, à la mémoire de l'Holocauste et à Israël.

Le 29 juin dernier, M. Kenney a assisté à une conférence sur l'Holocauste à Prague pour discuter de la restitution des biens juifs spoliés par les nazis. La semaine précédente, M. Kenney avait annoncé des investissements pour les trois prochaines années dans le Groupe de travail national sur la recherche, la mémoire et l'éducation liées à l'Holocauste.

Le gouvernement conservateur a aussi posé d'autres gestes plus significatifs. Le Canada a été le premier pays à boycotter la Conférence des Nations unies sur le racisme, l'année dernière, dénonçant notamment dès le premier jour la participation annoncée du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, très hostile à Israël. D'autres pays avaient rapidement emboîté le pas.

Et le gouvernement Harper a mis en place un fonds pour soutenir les organismes communautaires qui peuvent être victimes de vandalisme ou d'autres actes à caractère raciste.

«Nous avions adopté ces positions bien avant d'avoir de réelles chances de remporter des circonscriptions comptant un nombre significatif d'électeurs juifs, a fait valoir M. Kenney. Les considérations politiques n'entrent pas vraiment en ligne de compte.»

Malgré tout, conservateurs et libéraux adoptent des positions similaires sur la situation au Proche-Orient. Les deux partis soutiennent la feuille de route pour la paix qui implique la reconnaissance des deux Etats, israélien et palestinien.