Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, demande qu'Ottawa vienne en aide aux blessés à son ambassade à Téhéran mais le ministère des Affaires étrangères réplique qu'il peut seulement offrir un refuge à des personnes qu'en des circonstances exceptionnelles.

M. Ignatieff a fait cette demande dans un communiqué diffusé tard en soirée samedi soir. Il y dénonce également le recours à la violence par le gouvernement iranien pour réprimer une manifestation pacifique dont les participants appelaient à des élections démocratiques.

Des informations contradictoires circulent au sujet de l'accueil de blessés, samedi, à l'ambassade canadienne à Téhéran. Mais la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Simone MacAndrew, a démenti celles-ci, affirmant que l'établissement était fermé et qu'il n'avait donc pas pu servir de refuge.

L'ambassade est située à l'endroit où se sont tenues les plus récentes manifestations et a été fermée tôt afin de permettre au personnel de se rendre à la maison, a ajouté Mme MacAndrew.

Elle a également précisé que le Canada n'offrait pas l'asile à des citoyens dans ses ambassades à l'étranger, sauf dans des cas exceptionnels.

Des manifestations ont éclaté à Téhéran depuis que le président sortant Mahmoud Ahmadinejad s'est déclaré vainqueur des élections tenues le 12 juin. Samedi, la télévision iranienne affirmait que 10 personnes avaient été tuées samedi et que 100 personnes avaient été blessées.

Par ailleurs, environ 400 personnes ont marché, dimanche, dans les rues de Montréal, pour manifester leur soutien aux Iraniens qui réclament un recomptage pour la récente élection présidentielle.

Plusieurs personnes portaient des vêtements verts ou noirs, des couleurs représentant d'une part le changement et d'autre part le deuil des personnes tuées.

«Cela va au-delà du simple vote. C'est une question du respect des droits humains. Les gens en ont tout simplement assez. Dans un sens, tout le monde l'avait sur le coeur depuis longtemps», a affirmée l'une des manifestante, Myriam, qui avait cependant peur de donner son nom de famille à La Presse Canadienne.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a également diffusé un communiqué dimanche dans lequel il affirme que le Canada condamne la décision des autorités iraniennes de recourir à la violence et à la force contre leurs propres citoyens.

«Le gouvernement a réagi en essayant de réduire brutalement ses citoyens au silence», a-t-il dit, ajoutant que le peuple iranien méritait de se faire entendre sans crainte d'être soumis à l'intimidation ou à la violence.

«Nous continuons d'exhorter l'Iran à respecter pleinement toutes ses obligations envers les droits de la personne, à la fois sur le plan juridique et sur le plan pratique, et à mener une enquête rigoureuse et transparente sur les allégations de fraude.»

Des sentiments partagés par M. Ignatieff. «Le gouvernement iranien ne peut cacher la vérité, ni à son peuple, ni au reste du monde. En répondant à l'appel à des élections libres et transparentes par la violation des droits de ses citoyens, le gouvernement iranien s'éloigne davantage de la communauté internationale», pouvait-on lire sur le communiqué du chef libéral.