Le Parti libéral du Canada maintient le suspense par rapport aux élections estivales. Leur chef, Michael Ignatieff, a mis le gouvernement en demeure de se plier à une série de conditions avant les vacances, à défaut de quoi il menace de le faire tomber.

Ainsi, M. Ignatieff a déclaré que pour avoir son appui lors du vote de confiance à la fin de la semaine à la Chambre des communes, le gouvernement Harper devra apporter des changements à l'assurance-emploi, donner plus d'informations sur le plan de relance économique et sur le déficit et agir pour régler le problème du manque d'isotopes médicaux.

«Je ne souhaite pas d'élections. Mais faire notre travail veut dire respecter nos principes», a déclaré Michael Ignatieff lors d'une conférence de presse lundi matin au théâtre national de la presse, lundi matin.

«La vraie question qui se pose est: est-ce que M. Harper souhaite que le Parlement fonctionne?», a-t-il ajouté.

Le chef libéral donnait ainsi sa réponse au rapport d'étape présenté par le premier ministre Stephen Harper jeudi dernier. Dans ce rapport, M. Harper a déclaré que près 80% des sommes prévues dans son plan de relance économique avaient été engagées.

Le Bloc québécois et le NPD ont déjà annoncé qu'ils voteraient contre les orientations budgétaires du gouvernement, lors du vote de confiance sur les crédits supplémentaires qui doit avoir lieu d'ici la fin de la semaine, laissant la responsabilité de sauver ou de défaire le gouvernement au Parti libéral. Michael Ignatieff avait préféré prendre la fin de semaine pour réfléchir avant de donner réponse. Il l'a fait en point de presse, ce matin. «Les réponses du gouvernement dans son rapport d'étape ne suffisent pas», a-t-il tranché.

M. Ignatieff a dit qu'il était prêt à prolonger les travaux du Parlement pour permettre au gouvernement de régler ce qu'il a identifié comme étant des problèmes à régler de manière urgente.

Le chef libéral demande depuis plusieurs mois d'uniformiser les critères d'admissibilité à l'assurance-emploi pour limiter les heures de travail à 360 heures partout au Canada. Actuellement, elle varie en fonction des régions. Le premier ministre Stephen Harper a déclaré la semaine dernière qu'il ferait des changements à l'automne. Mais c'est trop tard, selon Michael Ignatieff.

«Le Parti libéral doit voir ces plans avant de permettre au gouvernement de les mette en oeuvre et nous sommes prêts à siéger plus longtemps, si nécessaire», a-t-il dit.

Il souhaite aussi que le gouvernement précise quelles sommes ont été dépensées dans son plan de relance économique au cours des 120 derniers jours, et quelles sommes seront dépensées dans les 120 prochains jours.

Il demande aussi au premier ministre de lui dire quel est son plan pour redresser les finances du pays. Il y a quelques semaines, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a déclaré que ce déficit dépassera les 50 milliards de dollars pour l'exercice en cours.

Quant aux isotopes médicaux, il demande au gouvernement de lui dire quel est son plan pour remédier au problème du manque d'isotopes médicaux. Le réacteur nucléaire de Chalk River, qui fournit près du tiers de ces isotopes nécessaires à la détection du cancer à travers le monde, a cessé ses opérations il y a quelques semaines. Les professionnels de la santé multiplient depuis les interventions pour mettre en garde contre une crise à l'échelle mondiale.

M. Ignatieff a conclu en disant qu'il se gardait la possibilité de défaire le gouvernement même s'il répondait à toutes ces questions, dans le cas où il trouverait ces réponses insatisfaisantes.

 

« C'est le choix du premier ministre, à mon avis, a indiqué M. Ignatieff. Nous avons posé les questions qui demandent une réponse mais qui sont simples à répondre. S'il veut faire marcher le Parlement, c'est très facile pour lui de répondre de façon positive. Mais il doit savoir que je suis prêt à voter contre.» 

«Insuffisant»

Le gouvernement n'a pas encore fait connaître sa réponse. Les deux autres partis de l'opposition, le Bloc et le NPD, ont pour leur part réagi en disant que les demandes du chef libéral étaient insuffisantes, et qu'elles ne changeaient rien à leur position face au vote crucial prévu pour vendredi.

«Notre réaction en a été une de surprise de voir, d'abord, à quel point c'était faible ce qu'il demandait», a dit le député néo-démocrate d'Outremont, Thomas Mulcair.

«Notre position n'a pas changé: ce qu'il demande est inadéquat en ce qui concerne l'assurance-emploi», a-t-il ajouté.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est lui aussi attardé aux demandes concernant l'assurance-emploi. Il a entre autres fait souligné que les libéraux ne demandaient pas l'abolition du délai de carence de deux semaines, au cours duquel un nouveau chômeur n'a pas droit aux prestations.

Il a renchérit en disant que la cause des chômeurs devait être défendue âprement, quitte à provoquer des élections fédérales cet été. «Les chômeurs qui n'ont pas une cenne pour aller en vacances... Ça, c'est drôlement important, a-t-il dit. Il y a des gens qui se retrouvent avec strictement rien en région. Quand vous n'avez plus le droit à l'assurance-emploi en région, c'est le bien-être social et ça veut dire que vous risquez de perdre votre maison. Ça, c'est la terrible réalité. Il faut en être conscient.»

«Il n'y a personne qui se dit : il faut faire des élections en juillet, et que ça serait donc agréable, a-t-il ajouté. Ce n'est pas ça la question. C'est : est-ce qu'on peut rester insensible au sort des régions, au sort des chômeurs.»