Alors que le Bloc québécois et le Nouveau parti démocratique refusent de reculer devant la possibilité de déclencher des élections estivales, les libéraux, eux, demeurent hésitants et préfèrent faire preuve de prudence.

En entrevue à La Presse Canadienne, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a soutenu qu'il défendait les intérêts du Québec en votant contre les crédits budgétaires, lundi, même si cela aura pour conséquence de déclencher des élections en plein été.

M. Duceppe a affirmé que la véritable question n'est pas de savoir si des élections sont nécessaires mais plutôt de déterminer si la proposition des conservateurs est satisfaisante pour le Québec.

Or, le peu de soutien accordé au secteur forestier, ainsi que le maintien du délai de carence de deux semaines pour l'assurance-emploi rendent impossibles pour le Bloc québécois d'appuyer le budget conservateur, a dit M. Duceppe.

Par ailleurs, commentant la déclaration controversée de Jacques Parizeau sur le déclenchement de crises à Ottawa, Gilles Duceppe a affirmé qu'il n'était pas «un organisateur de crises». Il ajoute toutefois qu'il ne s'empêchera pas pour autant de faire la promotion de la souveraineté et des intérêts du Québec à Ottawa, sous prétexte que des crises pourraient être déclenchées.

Le chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair, a affirmé qu'il ne souhaitait pas la tenue d'élections mais cela ne va pas empêcher son parti de voter contre le gouvernement, lundi.

Hésitations

La prudence est de mise chez les libéraux.

Le député de Bourassa et lieutenant québécois du chef Michael Ignatieff, Denis Coderre, a affirmé, à La Presse Canadienne, que son parti agira de manière responsable dans le respect des électeurs canadiens.

M. Coderre a soutenu que si son chef décidait de voter en faveur des crédits budgétaires, cela ne signifierait pas pour autant qu'il appuie les mesures économiques du gouvernement conservateur. Il a d'ailleurs vilipendé la gestion de la crise des isotopes médicaux par le gouvernement Harper. Il a aussi reproché aux conservateurs leur lenteur à faire transiger les sommes nécessaires pour lancer les projets d'infrastructures. Le député a aussi remis également en question la faible mobilisation du gouvernement conservateur pour venir en aide à l'industrie forestière.

Libéraux comme bloquistes se disent prêts à l'éventualité d'une campagne électorale. Le Bloc compte organiser quelque 25 assemblées d'investiture d'ici la mi-juin.

Chez les libéraux, dix assemblées auront lieu d'ici le 5 juillet. Dans l'éventualité d'un déclenchement d'élections dès cette semaine, une trentaine de circonscriptions seraient prêtes à agir rapidement, a ajouté M. Coderre.

Dans un communiqué de presse transmis dimanche, le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP) qui représente 60 000 travailleurs forestiers, a dit vouloir profiter d'une rencontre avec M. Coderre, mardi, pour demander aux libéraux de faire tomber le gouvernement Harper s'il n'y a pas d'appui évident pour l'industrie forestière.

«Si ça prend une élection pour sauver nos emplois, nos familles et nos communautés, qu'il y ait une élection», a déclaré le président du syndicat, Dave Coles.

De son côté, le gouvernement ne se montre pas inquiet. En entrevue sur les ondes de RDI, le ministre des Travaux publics, Christian Paradis, qui reconnaît que «la balle est dans le camp des libéraux», a affirmé que personne au Canada ne voulait avoir des élections estivales. «Les esprits ne sont pas là», a-t-il soutenu.