Ébranlé par la tempête provoquée par l'affaire Julie Couillard, Maxime Bernier a songé à quitter la politique et à retourner dans le secteur privé l'an dernier.

Mais après avoir séjourné cinq jours au monastère de Saint-Benoît-du-Lac, seul, sans téléphone et sans BlackBerry, à digérer tout ce qui lui était arrivé avant sa démission fracassante du cabinet comme ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier a décidé de continuer son travail de député de Beauce à Ottawa.

Aujourd'hui, un an jour pour jour après sa démission dans la controverse, le député de Beauce, qui était devenu le visage du Parti conservateur au Québec après la victoire aux élections de 2006, est en mesure de parler de cet épisode avec calme et sérénité.

M. Bernier a été contraint de démissionner le 26 mai 2008 après qu'il fut révélé qu'il avait oublié des documents confidentiels du cabinet au domicile de son ancienne amie de coeur, Julie Couillard. Auparavant, il avait été révélé que Mme Couillard avait eu des relations amoureuses avec au moins trois individus liés au monde interlope.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Bernier a affirmé avoir appris beaucoup de choses de cette douloureuse expérience qui a propulsé sa vie privée à l'avant-scène de l'actualité pendant plusieurs semaines et l'a forcé à remettre sa démission au premier ministre Stephen Harper.

«Je me sens très bien aujourd'hui. Mais je dois avouer que je ne me suis pas toujours senti aussi bien. Il y a un an, je passais à travers une panoplie d'émotions. J'ai même pensé quitter la politique. J'ai pris cinq jours de repos dans un monastère pour réfléchir à ce qui s'était passé, réfléchir à mon avenir, et me concentrer sur les vraies valeurs. Après ce séjour, j'ai décidé de continuer, de ne pas me laisser abattre par tout cela », révèle M. Bernier dans son bureau de la colline parlementaire.

«J'ai regardé pourquoi j'étais en politique. J'étais en politique pour défendre des valeurs que j'ai toujours défendues, soit la liberté individuelle, la responsabilité individuelle, l'intégrité et l'entrepreneuriat. Ce sont des valeurs beauceronnes et elles sont aussi le fondement des sociétés occidentales qui permettent d'avoir une société libre et prospère», ajoute-t-il du même souffle.

La réponse des électeurs à sa décision est venue le 14 octobre dernier, le jour des élections fédérales. «Les Beaucerons m'ont réélu avec la plus forte majorité au Québec, tout parti politique confondu. Donc, j'ai eu une plus grande majorité que Gilles Duceppe dans son comté ou Stéphane Dion dans le sien. Ils m'ont fait confiance de nouveau. Je vais continuer le travail», affirme M. Bernier.

«Pour mes électeurs, je suis le Maxime qui a toujours défendu les valeurs fondamentales. Ils m'ont tellement donné, les Beaucerons, que je leur serai toujours redevable pour leur appui. C'est un privilège d'être leur député.»

La semaine dernière, le député, qui continue de faire du porte-à-porte dans sa circonscription toutes les deux ou trois semaines afin de prendre le pouls de ses électeurs, a été confirmé candidat du Parti conservateur de Beauce en prévision des prochaines élections fédérales, qui pourraient avoir lieu à l'automne.

Merci à Brian Mulroney

C'est l'ancien premier ministre Brian Mulroney qui l'a convaincu d'entreprendre une période de réflexion, loin des feux de la rampe, au moment où la tempête politique sévissait, ici comme à l'étranger, pour éviter de précipiter les choses au sujet de sa carrière politique.

«En pleine tempête, Brian Mulroney m'a appelé. Il m'a dit: "Maxime, je suis certain que tu ne vois que du noir en ce moment, que tu ne vois pas de soleil au bout du tunnel. Prends ton temps, le soleil va réapparaître. Va réfléchir et pense à tes affaires et quand tu seras prêt à parler, tu parleras devant tes gens, ceux qui t'ont élu". C'est ce que j'ai fait.»

M. Bernier affirme que le premier ministre Harper l'a aussi conseillé et soutenu. «J'ai été choyé d'avoir les conseils d'un ancien premier ministre et des conseils d'un premier ministre en fonction.»

En entrevue, M. Bernier affirme avoir appris des leçons de cet épisode. «J'ai assumé mes responsabilités. Aujourd'hui, je suis un homme plus prudent. (...) Je pose beaucoup de questions avant de rencontrer des gens. L'épreuve que j'ai vécue, je le vois maintenant comme un aspect positif dans ma carrière comme homme politique.»

Le fait de ne pas être assis à la table du cabinet ne le dérange pas outre mesure. M. Bernier siège au comité des finances et il préside aussi le comité de la défense nationale.

«Le comité des finances est un comité important, surtout en période de crise économique. Au comité de la défense, on examine la souveraineté canadienne en Arctique. C'est un sujet d'actualité et, avec mon expérience de courte durée aux Affaires étrangères, c'est un rôle que j'aime bien et c'est un beau défi», a dit M. Bernier.

Le vrai sondage

Au sujet de la situation de son parti au Québec, M. Bernier ne s'en fait pas outre mesure. Certes, les sondages sont loin d'être favorables, mais le député de Beauce croit que les Québécois reviendront au bercail dès qu'ils prendront connaissance des velléités centralisatrices du chef libéral Michael Ignatieff.

«Le vrai sondage, ce sont les élections. Il faut admettre que ce n'est pas facile de gouverner en période de crise économique. (...) Aux commentateurs qui disent que le Parti conservateur est fini au Québec, ces mêmes commentaires disaient que la carrière politique de Maxime Bernier était terminée. J'ai été réélu avec la plus forte majorité au Québec», affirme-t-il.