Les partis d'opposition ont décrié le manque d'imagination et de compassion des conservateurs, qui n'ont apporté que des changements mineurs au régime d'assurance-emploi alors que les besoins sont de plus en plus criants.

De retour d'une semaine de pause qui leur a sans doute permis de prendre le pouls des citoyens, les libéraux, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique semblent toutefois beaucoup moins enclins que jamais à provoquer des élections estivales sur cette question.

Après avoir laissé entendre qu'elle apporterait des changements importants au programme, la ministre des Ressources humaines Diane Finley s'est finalement contentée, lundi, de dévoiler les détails d'un programme de 500 millions $ pour aider les travailleurs licenciés à suivre une formation à long terme leur permettant d'acquérir de nouvelles compétences.

Ceux qui font le même métier «de longue date» pourront par ailleurs voir se prolonger de deux ans leurs prestations d'assurance-emploi s'ils suivent une formation à long terme. Ils auront aussi droit à recevoir des prestations pendant 12 autres semaines.

Les travailleurs pourront ainsi recevoir plus rapidement des prestations s'ils utilisent la totalité ou une partie de leurs indemnités de départ pour s'inscrire à des programmes de formation.

De passage dans une école d'Oshawa, dans le sud de l'Ontario, la ministre a indiqué que ces initiatives, qui pourraient donner un coup de pouce à environ 50 000 personnes, constituaient une réaction plus sensée au contexte économique que celle que prônent les libéraux.

Ces derniers réclament notamment que le fédéral fixe à 360 heures travaillées le seuil d'admissibilité aux prestations. Pour l'instant, ce seuil varie entre 420 et 910 heures, dépendant des régions du pays. Le Bloc demande en outre l'abolition du délai de carence de deux semaines, entre la perte d'emploi et le début des prestations.

A l'instar de ses collègues du conseil des ministres, Mme Finley soutient que le moment est mal choisi pour appeler les citoyens aux urnes. A son avis, cela pourrait même nuire aux efforts soutenus de son gouvernement pour revigorer l'économie nationale.

Il faut continuer à agir pour que les mesures de stimulation entrent en vigueur. Nous n'avons pas besoin d'une autre élection en ce moment, a-t-elle déclaré en substance.

Même s'ils se gardent bien de le dire clairement, les trois partis d'opposition semblent désormais partager ce point de vue. Aucun des politiciens interrogés à l'issue de la période des questions ne semblait en effet prêt à provoquer la chute des conservateurs sur cet enjeu, du moins pas au cours des prochaines semaines.

Le chef libéral, Michael Ignatieff, a qualifié l'annonce de lundi de réchauffé. Il a aussi reproché à ses adversaires conservateurs de déformer toutes ses propositions - dont celle sur l'assurance-emploi - à des fins partisanes. Il s'est toutefois bien gardé de leur donner un ultimatum.

«Nous disposons de beaucoup de temps pour trouver une solution. Nous disposons de beaucoup de temps pour leur faire entendre raison et voir la lumière», a-t-il insisté, en anglais.

«Nous avons un problème, mais nous essayons toujours de faire fonctionner le Parlement pour les Canadiens», a-t-il ajouté.

Même son de cloche du côté du leader néo-démocrate, Jack Layton. Pour lui, les mesures dévoilées par la ministre Finley ne régleront rien. «C'est du recyclage d'une vieille annonce, de fonds déjà annoncés», a-t-il fait valoir.

Avant de brandir des menaces d'élection, son parti tentera cependant de faire adopter son propre projet de loi sur l'assurance-emploi. Ce texte sera soumis aux voix la semaine prochaine. Le NPD se dit prêt aussi à des accommodements, à condition que cela aide les gens.

«Nous continuerons à faire pression sur le gouvernement», a-t-il précisé.

Pour sa part, le chef bloquiste Gilles Duceppe se réserve le droit de ne pas appuyer une motion de censure contre les conservateurs, s'il juge qu'elle peut faire plus de tort que de bien.

Comme d'habitude, «la question c'est de savoir si on est en faveur de la proposition, on l'appuie. Si on ne l'est pas, on est contre. C'est sur la valeur même de la proposition», a-t-il précisé.

Il a rappelé que la plupart des modalités actuelles du régime d'assurance-emploi avaient été adoptées par les libéraux, au courant des années 1990. A son avis, les modifications qu'ils proposent maintenant sont largement insuffisantes.