Le chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper, Guy Giorno, est devenue la personnalité la plus controversée au sein des rangs conservateurs.

Selon le camp qu'ont choisi les conservateurs, ils vous diront d'une part que M. Giorno a rendu le bureau du premier ministre plus ouvert et plus collégial, ou encore qu'il y a semé le désarroi.

Ses opposants dans le gouvernement et parmi les rangs du parti, qui se sont tous adressés à La Presse Canadienne sous le couvert de l'anonymat, estiment que l'ancien avocat et ex-chef de cabinet de l'ancien premier ministre ontarien, Mike Harris, a fait fuir un nombre grandissant de hauts fonctionnaires, le puissant monde du lobbying, ainsi que des membres du caucus et du parti.

Selon un député conservateur chevronné, M. Giorno manquerait de tact et de diplomatie. Un député ontarien explique pour sa part qu'il est un homme intelligent qui travaille fort, mais que le problème survient lorsqu'il doit diriger des individus ou prendre une décision.

Au cours des neuf derniers mois, trois événements politiques importants ont suscité la grogne de certains conservateurs envers M. Giorno, qui s'est joint à l'équipe au printemps dernier.

En novembre, la proposition mal avisée de M. Harper d'éliminer l'aide financière que verse le gouvernement aux partis politiques avait enragé les partis d'opposition, au point tel qu'une crise avait éclaté au gouvernement, M. Harper et son parti ayant été déstabilisés après que les trois partis d'opposition se soient unis contre lui.

Plusieurs ont blâmé M. Giorno d'avoir lancé l'idée, ou, à tout le moins, d'avoir laissé M. Harper aller de l'avant en la proposant.

Des tensions rapportées entre M. Giorno et la fonction publique, particulièrement suite au départ précipité du greffier du Conseil privé, Kevin Lynch, au début du mois, n'ont pas aidé sa cause. Certains conservateurs ont indiqué que le chef de cabinet de M. Harper n'avait pas de respect pour les bureaucrates d'expérience et qu'il était agacé par les liens étroits qu'entretenaient M. Lynch et le premier ministre.

Et le clou dans le cercueil de la popularité de M. Giorno au sein du parti a été posé lorsque le bureau de M. Harper a lancé la rumeur que l'ancien premier ministre Brian Mulroney n'était plus membre du parti.

Des proches de M. Mulroney, dont les liens avec l'homme d'affaires allemand Karlheinz Schreiber font l'objet d'une commission d'enquête ces jours-ci, ont immédiatement reproché à M. Giorno d'avoir été à l'origine de la rumeur.

Pour une première fois, l'équipe conservatrice avait laissé transparaître publiquement ses dissensions.

M. Giorno, qui est âgé de 44 ans, a refusé de commenter l'affaire, vendredi.