Le gouvernement fédéral a, une fois de plus, prolongé la période d'amnistie accordée aux propriétaires d'armes d'épaule qui n'ont toujours pas enregistré leur arme au registre national.

Le président du Conseil du trésor, Vic Toews, a rappelé vendredi que le gouvernement conservateur souhaite toujours abolir le registre pour les détenteurs d'armes d'épaule - une mesure que devraient cependant appuyer les partis d'opposition au sein du Parlement minoritaire.

En attendant, le gouvernement a choisi de prolonger d'un an, jusqu'au 16 mai 2010, la période d'amnistie afin de permettre aux particuliers qui sont en possession d'armes à feu sans restriction non enregistrées de prendre les mesures nécessaires pour se conformer à la loi.

«De cette façon, nous évitons de criminaliser sans raison les propriétaires d'armes à feu sans restriction qui essaieraient de se conformer à nos lois sur les armes à feu», a expliqué M. Toews, dans un communiqué envoyé vendredi.

«Ne vous y trompez pas. Cette amnistie a réellement pour but d'accroître la sécurité publique. La dernière prolongation de cette amnistie a encouragé un plus grand nombre de propriétaires d'armes à feu à se conformer aux lois, tout comme d'autres mesures qui sont également renouvelées aujourd'hui», a-t-il poursuivi.

Cette amnistie avait été accordée en 2006 et prolongée en 2008.

Le gouvernement a également annoncé une prolongation d'un an de la dispense des droits à payer pour le renouvellement et le reclassement des permis d'armes à feu. Enfin, les titulaires de permis de possession simple pourront présenter, au cours de l'année, une nouvelle demande de permis.

M. Toews a déploré que le registre représentait un gaspillage d'argent qui pénalise les citoyens respectueux des lois.

Mais les partisans du registre affirment quant à eux qu'il aide la police à sévir contre le crime.

«Nous continuons de déployer d'importants efforts pour lutter contre les crimes commis au moyen d'une arme à feu», a pour sa part souligné le ministre Van Loan, dans le communiqué qu'il a co-signé avec M. Toews.

«Nous avons instauré des peines d'emprisonnement obligatoires pour les personnes qui commettent des crimes au moyen d'une arme à feu, ainsi que prévu des dispositions plus sévères relatives aux libérations conditionnelles dans le cas d'infractions graves liées aux armes à feu», a-t-il ajouté.

Les efforts menés par le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper pour éliminer le registre d'armes à feu semblent maintenant être au point mort.

Même s'ils ont présenté un projet de loi au Sénat, les conservateurs ont reconnu qu'ils n'avaient établi aucun échéancier pour un vote sur la Loi S-5 à la chambre haute, qui est dominée par les libéraux.

Ces derniers ont par ailleurs plaidé que l'objectif de l'exercice des conservateurs était purement politique, plutôt qu'une tentative sérieuse de changer la législation.

Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a d'ailleurs annoncé que son parti n'appuyera aucun des deux projets de loi, ce qui représente pratiquement une garantie qu'ils ne seront jamais adoptés.

Du côté du Bloc québécois, le leader parlementaire, Pierre Paquette, a scandé qu'il s'agissait d'une «manoeuvre vicieuse» de la part du gouvernement conservateur dans le dossier du registre des armes à feu.

«Cette amnistie-là fait en sorte que les gens qui n'enregistrent pas leurs armes à feu n'ont pas d'obligation. Et donc, année après année, il y a de moins en moins de monde qui enregistrent leurs armes à feu et le registre est tranquillement en train de devenir non pertinent», a déploré le député de Joliette.

«C'est une tactique des conservateurs pour faire indirectement ce qu'ils ne peuvent pas faire directement, c'est-à-dire abolir le registre des armes à feu», a-t-il estimé.

L'Association canadienne des policiers, qui représente les membres du personnel policier du pays, a fait valoir que le projet de loi compromettrait la sécurité publique.

Dans une lettre envoyée récemment à M. Ignatieff, le président de l'association, Charles Momy, soulignait que les agents de police se sont servis du registre, au cours de la dernière année, en moyenne 9400 fois par jour. Celui-ci leur permet entre autres, selon M. Momy, d'avertir les policiers de la possibilité que des armes à feu soient présentes dans les domiciles auxquels ils sont envoyés.