Les libéraux se réjouissent de voir leurs appuis bondir dans les sondages au Québec depuis que Michael Ignatieff est à la barre du parti. Mais ils reconnaissent d'emblée qu'ils ont toujours un gros défi à relever: rebâtir l'organisation dans plusieurs régions de la province.

Après trois ans sur les banquettes de l'opposition, les libéraux croient qu'une victoire aux prochaines élections fédérales est plus que jamais possible. Toutefois, la différence entre une victoire et une autre défaite électorale dépendra de la qualité de l'organisation sur le terrain. Et la machine libérale a été décimée à l'extérieur de la grande région de Montréal dans la foulée du scandale des commandites, à partir de 2004.

 

L'objectif des troupes de Michael Ignatieff est d'arracher la victoire dans au moins 30 des 75 circonscriptions que compte le Québec à la Chambre des communes aux prochaines élections, soit environ le double de ce que les libéraux détiennent présentement (14 sièges).

«Nous sommes encore en mode reconstruction. Cela demeure un défi, mais ça va bon train. Le chef a donné son aval à une stratégie visant à livrer une dure bataille dans les 308 circonscriptions. Alors nous travaillons à mettre cela en oeuvre dans chacune des circonscriptions du Québec», a affirmé hier à La Presse Steven MacKinnon, ancien directeur national du Parti libéral qui préside le comité du renouveau du parti.

De bonnes nouvelles

Un sondage CROP réalisé pour le compte de La Presse, publié hier, révèle que le Parti libéral récolte 37% des intentions de vote au Québec, contre 31% au Bloc québécois, 15% au Parti conservateur et 12% au NPD. C'est la première fois en cinq ans que les libéraux devancent les troupes de Gilles Duceppe au Québec. La dernière fois, c'était en février 2004, avant l'éclatement du scandale des commandites.

Les résultats de ce sondage ont donné des ailes aux libéraux, qui se réunissent à Vancouver à partir d'aujourd'hui pour un congrès national de trois jours. Durant ce congrès, auquel quelque 1500 militants libéraux sont attendus, Michael Ignatieff sera officiellement confirmé comme chef du Parti libéral.

«Le sondage confirme le bris de confiance entre les Québécois et le Parti conservateur. Pour nous, ce sont de bonnes nouvelles. Cela nous donne le sourire. Mais en même temps, il faut prendre cela avec beaucoup d'humilité. Il faut s'assurer que cela se poursuive jusqu'au jour des élections», a commenté le député libéral Pablo Rodriguez.

L'atout Ignatieff

En privé, des stratèges libéraux soutiennent que Michael Ignatieff est un véritable atout pour le Parti libéral au Québec, comme le démontre le sondage CROP. Ils soutiennent que son discours de la fin mars à Laval, où il a exhorté les Québécois à reprendre la place qui leur revient dans la gouvernance du pays, a eu des échos positifs partout au Québec.

Ils soutiennent aussi que Michael Ignatieff a affiché une ouverture certaine envers les Québécois en affirmant qu'il est tout à fait normal d'être Québécois d'abord et Canadien ensuite, ce qui devrait séduire certains nationalistes.

Ils soulignent d'ailleurs que des Québécois influents ont accepté de travailler à donner une nouvelle crédibilité au parti dans la province. À titre d'exemple, l'avocat Marc-André Blanchard, qui a oeuvré au sein du Parti libéral du Québec pendant plusieurs années, a accepté de coprésider la campagne du PLC au Québec aux prochaines élections.

Chose certaine, le congrès libéral qui s'ouvre aujourd'hui devrait se dérouler dans la plus grande harmonie. Pour la première fois en près de 40 ans, la famille libérale semble unie. Durant le congrès, Jean Chrétien et Paul Martin, qui se sont livré une lutte sans merci pour la direction du PLC il y a quelques années, seront bien en vue. Les deux anciens premiers ministres ont été invités à prononcer des discours devant les militants.