La récession a mené à d'énormes pertes d'emplois en Amérique du Nord au point où le premier ministre Stephen Harper pense qu'il pourrait lui-même en devenir l'une des victimes.

Dans une entrevue accordée à Business News Network, une chaîne de télévision basée à Toronto et spécialisée en économie, M. Harper a confié ne pas fermer l'oeil la nuit à cause de la récession mondiale et aussi parce qu'il a un pouvoir limité pour sortir le Canada de cette crise.

«Nous avons connu d'importantes baisses de notre production et d'importantes hausses du taux de chômage au cours des quatre derniers mois (...), a-t-il affirmé. Nous nous attendons à d'autres importantes pertes d'emploi.»

Le premier ministre canadien s'est dit inquiet à l'idée de voir de nombreux Canadiens perdre leur emploi en raison de la crise économique et a ajouté qu'il pourrait éventuellement subir le même sort.

«Cela m'inquiète de voir des Canadiens perdre leur emploi, et vous savez, je pourrais éventuellement perdre le mien», a-t-il poursuivi.

M. Harper n'a toutefois pas spécifié s'il croyait qu'il allait être tenu responsable de la récession par les électeurs et être battu lors des prochaines élections.

Dans un discours et une conférence de presse à Londres, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a tenté de placer la crise dans un certain contexte, affirmant que la récession actuelle est légère par rapport à la situation qui prévalait lorsque les premiers immigrants sont arrivés au Canada avec rien dans les poches.

Par ailleurs, il s'est perdu pas moins de 663 000 emplois pendant le mois de mars aux Etats-Unis, portant à 5,1 millions le nombre de licenciements depuis le début de la crise économique.

Et de nombreux économistes, dont M. Harper, prévoient que le portrait ne sera pas tellement plus rose lorsque Statistique Canada dévoilera le taux de chômage au pays pour le mois de mars, la semaine prochaine.

Au cours des quatre derniers mois, il s'est perdu 295 000 emplois au pays, et la majorité des économistes croient que 57 500 autres emplois ont été supprimés en mars.

Mais l'économiste de la firme Scotia Capitaux Derek Holt pense que ce chiffre est peu élevé. Selon lui, le nombre d'emplois perdus durant le mois de mars devrait être semblable à celui qui a été enregistré au cours du mois de février, soit environ 80 000.

«Nous prévoyons que le secteur manufacturier sera encore à la baisse, que celui des ressources naturelles chutera plus, et que celui de la construction connaîtra davantage de déclins», a-t-il avancé.

Le gouvernement fédéral a soutenu que son plan de relance de 40 milliards $, qui est entré en vigueur mercredi, soit le premier jour du nouvel exercice financier, donnera une impulsion à la croissance économique. Mais le premier ministre Stephen Harper semblait vouloir minimiser l'importance de son plan.

«Il y a plusieurs choses que nous pouvons faire, a-t-il dit. Le plan de relance aide à atténuer certains des effets ressentis ici, au Canada, mais, fondamentalement, nous n'y pouvons rien.»

«Nous n'avons pas créé la récession mondiale, et, fondamentalement, nous ne pouvons pas la résoudre. Cela me frustre.»