Après Où est Charlie?, le prochain jeu à succès dont l'objectif est de trouver un personnage manquant pourrait fort bien être intitulé «Où est Stephen?».

Le premier ministre Stephen Harper a involontairement causé une mini-commotion, hier, en omettant de se présenter au moment opportun pour la photo officielle des dirigeants du G20, peu de temps avant que ne s'engagent de cruciales négociations sur la crise économique.Il devait prendre place à la gauche de la chancelière allemande Angela Merkel, mais l'espace qui lui était réservé est laissé vide dans la première mouture de la photo, reprise par plusieurs grands médias de la planète.

Une seconde séance a dû être organisée en marge des pourparlers, qui se déroulaient à huis clos dans un centre de conférences sous haute surveillance de l'est de la capitale anglaise.

Le porte-parole de M. Harper, Dimitri Soudas, a précisé à La Presse que le premier ministre était en train d'être informé par quelques conseillers d'une nouvelle version du communiqué final du sommet et qu'il s'était écarté quelques instants à cette fin, manquant le moment de la prise.

L'incident a toutefois donné lieu à quelques démêlés entre l'équipe du premier ministre et le réseau BBC, qui expliquait l'absence de M. Harper par un passage aux toilettes. «Nous avons contacté les gens de la BBC pour qu'ils fassent la correction», a précisé M. Soudas.

La chaîne britannique continuait cependant de relayer cette version des faits quelques heures après que l'histoire eut commencé à circuler sur l'internet.

En conférence de presse à l'issue du sommet, M. Harper a affirmé qu'il était en réunion avec certains de ses conseillers au moment de la photo officielle.

«J'étais retenu en réunion avec des fonctionnaires. Je suis allé à assez de ces rencontres pour savoir qu'il y a toujours une autre séance de photo officielle», a dit M. Harper sur un ton qui visait à écarter l'affaire comme étant sans importance.

Au bout du compte, les photographes n'ont jamais pu croquer une photo de famille de tous les participants à cet important sommet. En effet, deux heures plus tard, une nouvelle tentative s'est aussi soldée par un échec. Stephen Harper était bel et bien présent, mais cette fois, ce sont les dirigeants italien Silvio Berlusconi et indonésien Susilo Bambang Yudhoyono qui manquaient à l'appel. Aucune explication à ces absences n'a été avancée en marge du sommet. Les organisateurs ont indiqué avoir renoncé à une troisième tentative.

À Ottawa, les trois partis de l'opposition ont sauté sur cet incident pour attaquer le bilan économique du gouvernement conservateur et la crédibilité du premier ministre Stephen Harper sur la scène internationale.

Quelques heures à peine après cet incident, un blogueur libéral avait confectionné et mis en ligne une vidéo sur YouTube se moquant de la performance de Stephen Harper durant la première séance de photo officielle.

«Le premier ministre tient des propos pour le moins contradictoires. Il se permet de faire la leçon à ses homologues du G20 en leur demandant d'en faire plus pour contrer la crise économique, alors qu'en Chambre, ici même, il nous répond qu'il en a fait suffisamment pour lutter contre cette même crise. Pourtant, l'état de l'économie ne cesse de se détériorer. On n'a qu'à penser aux difficultés que connaissent Abitibi-Bowater et Bombardier. Après avoir raté la photo officielle du G20, le premier ministre est en train de rater le train», a affirmé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

«Quand il s'agit de l'économie, le premier ministre est toujours en retard. Il a reconnu sur le tard la récession économique. Il a reconnu sur le tard la crise relativement à la perte d'emplois. Il était même en retard pour la photographie officielle (au G20)», a ironisé le chef du NPD, Jack Layton.

Dimitri Soudas, proche collaborateur de M. Harper, a répliqué que la tâche première du premier ministre n'était pas de participer à une séance de photographie, mais bien de s'assurer que la voix du Canada soit entendue au sommet du G20.

«Le premier ministre Harper et les leaders du monde ne sont pas venus à Londres pour des occasions de photos. Ils sont venus à Londres pour prendre les décisions qui s'imposent pour affronter la crise économique mondiale la plus importante depuis plus d'une génération», a dit M. Soudas.

Photo AFP

La deuxième rangée n'est pas complète. Il manque Stephen Harper, qui aurait dû prendre place à droit d'Angela Merkel, en rouge.