L'économie a fait, une fois de plus, l'objet d'une vigoureuse prise de becs au Parlement mercredi, le gouvernement et les partis d'opposition s'accusant mutuellement d'empêcher la mise en place d'un terrain fertile à la relance économique.

D'une part, les conservateurs accusent le Sénat, à prédominance libérale, de retarder l'adoption de la Loi sur l'exécution du budget nécessaire à la mise en oeuvre du plan économique.

D'autre part, les libéraux remettent sous le nez des conservateurs leur promesse de créer 190 000 emplois, qu'ils ont passée sous silence dans leur premier rapport trimestriel présenté mardi.

Enfin, bloquistes et néo-démocrates accusent le gouvernement de Stephen Harper de se montrer trop optimiste à l'égard de la crise et de sa résorption rapide.

En Chambre, le premier ministre a exprimé son impatience à l'égard des sénateurs libéraux.

«J'encouragerais l'opposition, plutôt que de toujours chercher le négatif dans tout, à simplement faire passer cela et faire quelque chose de positif pour l'économie canadienne», a-t-il lancé à Michael Ignatieff.

Le chef libéral a semblé pour sa part exaspéré de voir M. Harper chercher des poux là où il n'y en a pas, puisque les sénateurs libéraux ont déjà reçu la directive de voter en faveur du budget conservateur.

«Je ne comprends pas pourquoi il cherche à provoquer des difficultés là où il n'y en a pas. Ma seule hypothèse, c'est que cette économie tombe comme une roche et il veut que vous (les journalistes) écriviez sur autre chose», a-t-il maintenu à la sortie de la période de questions.

Selon lui, les conservateurs montrent du doigt le Sénat et les libéraux pour éviter de parler du fait qu'ils avaient promis de créer 190 000 emplois et qu'ils sont restés muets sur cette question dans leur rapport trimestriel.

M. Ignatieff a d'ailleurs promis un rapport libéral «sur la performance et les promesses du gouvernement, surtout sur le chômage», pour pallier au rapport trimestriel que doit déposer le gouvernement. Ces rapports étaient conditionnels à l'appui des libéraux au budget du 27 janvier.

Site Internet

Les conservateurs ont par ailleurs coupé l'herbe sous le pied des libéraux en annonçant mercredi la création d'un site Internet qui permettra aux Canadiens de suivre la mise en oeuvre de leur plan d'action économique.

Depuis plusieurs jours, les partis d'opposition accusaient le parti de Stephen Harper de manquer de transparence en voulant mettre sur pied un fonds d'urgence de 3 milliards $ pour financer rapidement des projets qui stimuleraient l'économie. Les libéraux ont déposé la semaine dernière une motion exigeant une reddition de comptes détaillée pour cette somme et, justement, la création d'un site Internet.

«Tous les Canadiens seront capables de suivre nos progrès dans la mise en application des stimulus du budget», a expliqué le ministre des Finances, Jim Flaherty, en marge du caucus hebdomadaire de son parti, mercredi.

«Pour être clair, les gens seront capables de voir au jour le jour quels sont les projets dans leur communauté, dans leur coin de pays, quels projets sont financés et à quelle étape ils sont rendus. Et nous allons garder cela à jour», a ajouté le ministre.

Déjà en ligne, le site Internet reprend actuellement des parties du rapport trimestriel déposé la veille en Chambre, qui reprenait lui même des mesures annoncées dans le budget conservateur du 27 janvier dernier.

Le site fait également écho à un site semblable de l'administration américaine de Barack Obama, même si le ministre Flaherty assure que le gouvernement n'a pas copié l'idée des Américains.

«En fait, nous y avions pensé il y a un certain temps (...) Regardez comment on peut trouver l'information la plus précise en un minimum de temps et je pense franchement qu'il n'y a pas de meilleur moyen (qu'Internet)», a fait valoir M. Flaherty.

Le ministre des Finances s'est également félicité d'un rapport du Fonds monétaire international (FMI) vantant les efforts du Canada pour contrer la crise économique.

Le rapport de l'organisme international souligne notamment la santé du secteur fiscal au pays, mais se fait peu optimiste à l'égard du futur immédiat de l'économie canadienne. Selon le FMI, la situation risque de s'aggraver avant de prendre du mieux.