Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, craint qu'Ottawa abandonne les minorités linguistiques en cette période de crise économique où tous les yeux sont tournés vers l'économie.

Devant un comité de la Chambre des communes, jeudi, M. Fraser a dit redouter que le gouvernement fédéral réduise ses investissements dans les programmes appuyant le développement des communautés et l'enseignement des langues, comme il l'avait fait lors de la récession des années 1990.Le commissaire a souligné que les reculs enregistrés à l'époque n'avaient pas encore été récupérés.

«En cette période d'incertitude économique, il est particulièrement important de garder une main ferme sur le gouvernail et de ne pas compromettre les gains des 40 dernières années», a-t-il insisté.

De l'avis de M. Fraser, les conservateurs ont raté une occasion de bien faire en n'accordant aucune attention aux langues officielles dans leur budget de janvier dernier.

«Si le gouvernement croit véritablement que l'égalité linguistique est une valeur canadienne, celle-ci doit être plus visible dans ses actions», a-t-il fait valoir.

Le commissaire presse le gouvernement de faire connaître le plus rapidement possible les détails de sa feuille de route pour les langues officielles, dévoilée en juin dernier, pour éviter des délais et d'éventuels reculs pour les communautés.

Ce plan d'action couvrant la période 2008 à 2013 prévoit des investissements de 1,1 milliard $ en cinq ans pour soutenir les projets d'une panoplie de ministères dans le domaine de la santé, de la justice, de l'immigration et du développement économique.

Le plan réserve aussi des deniers publics à des projets dans le domaine des arts et de la culture. Le gouvernement financera ainsi les artistes issus des communautés linguistiques minoritaires par l'entremise de «vitrines musicales».

Finalement, Ottawa prévoit aussi mettre sur pied un fonds de développement culturel dont le rôle sera de promouvoir «l'action culturelle» des communautés.

Dans l'ensemble, la feuille de route devrait prolonger et bonifier le budget de mesures déjà en place, mais on n'en connaît que les grandes lignes, qui tiennent en moins de 20 pages.

La feuille de route prend le relais d'un vaste programme conçu par les libéraux en 2003 et qui est venu à échéance le 31 mars dernier. Ce plan imaginé par Stéphane Dion à l'époque où il était ministre était doté d'un budget de 810 millions $.

En plus de s'intéresser à la feuille de route, le commissaire aux langues officielles prévoit se pencher au cours des prochains mois sur les Jeux Olympiques d'hiver de Vancouver et notamment sur les services offerts aux voyageurs qui mettront le pied au Canada à cette occasion.

M. Fraser s'inquiète entre autres du budget pour les services de traduction, qui lui apparaît «tout à fait insuffisant compte tenu de la tâche à accomplir».

En cette année du 40e anniversaire de la première loi sur les langues officielles, adoptée en 1969, l'ancien journaliste et son équipe ont par ailleurs l'intention de se pencher sur deux sujets qui ont fait couler beaucoup d'encre au fil des ans: le bilinguisme dans la fonction publique et les services offerts par l'armée canadienne aux familles.