Le gouvernement Harper a offert au président des États-Unis Barack Obama de prononcer un discours devant le Parlement à l'occasion de sa visite officielle le 19 février.

Mais le nouvel homme fort de la Maison-Blanche a préféré passer son tour cette fois-ci afin de consacrer les quelques heures de sa visite en sol canadien à discuter des dossiers cruciaux entre le Canada et les États-Unis, notamment les plans de relance de l'économie sur le continent nord-américain et les changements climatiques, a appris La Presse hier de plusieurs sources.

M. Obama effectuera la toute première visite officielle de sa jeune administration à Ottawa le 19 février. La Chambre des communes ne siège pas durant cette semaine. Plusieurs députés de l'opposition ont accusé le gouvernement Harper d'avoir choisi délibérément cette date pour empêcher le nouveau président de prononcer un discours devant les députés et les sénateurs réunis aux Communes, comme le font souvent des dignitaires étrangers.

«Nous avons présenté toutes les options au bureau du président», s'est borné à dire à ce sujet hier Dimitri Soudas, un proche collaborateur de Stephen Harper.

Signe que le président ne veut pas que cette première visite s'embourbe dans le protocole habituel, M. Obama sera accompagné uniquement de ses proches collaborateurs. Aucun ministre ne viendra l'épauler durant cette visite. L'épouse du président, Michelle Obama, ne sera pas du voyage non plus, toujours selon des informations obtenues par La Presse hier.

Contrairement ce qui a été rapporté, hier, M. Obama et M. Harper ne se rencontreront pas à l'aéroport militaire d'Ottawa. La rencontre de travail des deux leaders aura lieu sur la colline parlementaire. On s'attend par ailleurs à ce que les deux hommes rencontrent les médias afin de répondre à quelques questions des journalistes.

«C'est une visite de travail. Donc, le président et le premier ministre ont l'intention de maximiser leur temps ensemble pour discuter des dossiers à l'ordre du jour, soit l'économie mondiale et l'importance des relations entre les deux pays du point de vue économique. L'énergie et l'environnement seront sans doute aussi à l'ordre du jour», a dit Dimitri Soudas.

Il a ajouté que les affaires étrangères, notamment la mission en Afghanistan, seront aussi abordées.

M. Harper s'est entretenu à deux reprises avec son homologue américain depuis sa victoire aux présidentielles du 4 novembre, dont une fois immédiatement après sa prestation de serment comme 44e président.

Comme le veut la tradition, le chef de l'opposition officielle, Michael Ignatieff, aura l'occasion de s'entretenir en tête à tête avec le président Obama. Mais le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et le chef du NPD, Jack Layton, n'auront vraisemblablement pas droit au même privilège.

Devant les journalistes, hier, M. Ignatieff a indiqué qu'il compte discuter de la crise économique mondiale avec le président et de l'importance de voir le Canada et les États-Unis travailler de concert à la relance de l'économie.

«C'est essentiel qu'il y ait une coordination entre Ottawa et Washington sur la récession et c'est justement là où nous avons des critiques à faire envers le gouvernement Harper qui attend Washington, qui travaille après Washington pas avec Washington. Ça va être le thème principal de ce que je vais dire. Mais on va dire autre chose à M. Obama aussi», a-t-il indiqué.

Le hasard veut que deux amis du chef du Parti libéral, Samantha Power et Larry Summers, jouent un rôle important au sein de l'administration Obama. Mme Power a travaillé avec M. Ignatieff au Centre Carr à Harvard. Elle a été nommée conseillère du nouveau président. M. Summers est l'ancien président de l'Université Harvard où M. Ignatieff a enseigné pendant plusieurs années. M. Summers dirige le nouveau Conseil économique de la Maison-Blanche.

«J'entends bien lui rappeler que j'ai des amis au sein de son administration qui travaillent pour lui. Il a de la chance. Il a une merveilleuse équipe», a lancé M. Ignatieff, sourire en coin.

Le chef du NPD, Jack Layton, a dit souhaiter pouvoir rencontrer le nouveau président. Il a dit avoir envoyé une lettre au président pour solliciter une telle rencontre. Le chef du NPD aimerait discuter des changements climatiques et de la relance de l'économie avec le nouveau président.