Le gouvernement Harper se dit «encouragé» par les propos du président des États-Unis, Barack Obama, qui a affirmé mardi que son plan de relance économique de 820 milliards de dollars US doit être purgé de toute forme de protectionnisme afin d'éviter une guerre commerciale avec le Canada ou d'autres pays.

Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a salué hier les propos du président américain, mais il a tenu à souligner que le Canada ne peut crier victoire tant que la clause protectionniste, dite Buy American, ne sera pas complètement retirée du plan de relance actuellement à l'étude au Sénat.

 

«Je suis encouragé d'entendre ce que le président avait à dire au sujet de ses inquiétudes concernant le protectionnisme. Mais cela ne veut pas dire nécessairement que nous sommes sortis du bois. Il faut s'assurer que nous ne sommes pas affectés de manière négative par ce plan», a dit le ministre Day à l'issue du caucus conservateur.

Il a ajouté que le gouvernement canadien se doit de maintenir la pression sur les membres du Congrès afin de les convaincre d'abandonner leurs velléités protectionnistes, une politique qui violerait la lettre et l'esprit de l'ALENA et contreviendrait aux règles de l'OMC.

À deux semaines de sa visite officielle au Canada, prévue le 19 février, le président Obama a affirmé dans une entrevue au réseau Fox News mardi que la version finale du plan doit relancer l'économie et non pas déclencher une guerre commerciale.

«Nous ne pouvons pas envoyer un message protectionniste (dans notre plan de relance économique)», a affirmé le nouveau président. Dans une autre entrevue, accordée au réseau ABC cette fois, Barack Obama a déclaré: «Nous devons nous assurer que toutes les clauses qui sont dans ce plan ne vont pas provoquer une guerre commerciale.»

Devant les journalistes, hier, le ministre Day a réitéré le souhait que cette épineuse question, qui domine les relations canado-américaines durant les premiers jours du mandat de la nouvelle administration des États-Unis, puisse être réglée avant la visite officielle de Barack Obama.

Les leçons de l'histoire

Autre rebondissement, hier, à Washington: le sénateur républicain John McCain, l'adversaire de M. Obama à l'élection présidentielle, a déposé un amendement au projet de relance visant à éliminer la clause dite Buy American. Le vote sur cet amendement pouvait avoir lieu hier soir ou aujourd'hui.

«Cette clause ignore les leçons de l'histoire. Nous ne pouvons pas avoir ce genre de protectionnisme», a affirmé le sénateur de l'Arizona au réseau Fox News. M. McCain est un ardent défenseur de l'ALENA.

Depuis quelques jours, le gouvernement Harper dénonce la clause protectionniste qui interdirait l'achat d'acier étranger pour des projets financés dans le cadre du plan de relance. Il soutient que cela pourrait provoquer une flambée du protectionnisme à l'échelle de la planète, ce qui pourrait transformer la récession mondiale en dépression, comme ce fut le cas dans les années 30. La Chambre des représentants a adopté ce plan la semaine dernière. La version à l'étude au Sénat va encore plus loin puisqu'elle étend la clause protectionniste à tous les produits manufacturiers.

Le Canada exporte 40% de son acier aux États-Unis. Au Québec seulement, quelque 2000 emplois pourraient être menacés par cette clause.

Rien n'est gagné

Le critique libéral aux affaires étrangères, Bob Rae, a soutenu que la partie est loin d'être gagnée pour le Canada.

«C'est un pas dans la bonne direction. J'espère que cela sera couronné de succès, mais il ne faut pas croire que c'est la fin du débat à la suite des déclarations du président. Le projet de loi est devant le Congrès et c'est là où nous devons avoir des changements», a dit M. Rae.

Le Canada n'est pas le seul à faire pression sur les États-Unis. L'Union européenne a aussi mis en garde la nouvelle administration américaine contre l'idée d'adopter des politiques protectionnistes, affirmant que cela pourrait plonger le monde dans une dépression. L'UE a aussi menacé les États-Unis de représailles s'ils ne font pas marche arrière.