Un député indépendant, Bill Casey, soupçonne le Parti conservateur, de connivence avec la GRC, de s'être servi d'un document transmis à La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information pour ternir sa réputation.

M. Casey, député conservateur jusqu'à son renvoi du caucus en mai 2007, a soulevé une question de privilège, hier, pour demander à la Chambre des communes de faire la lumière sur cette affaire. Le président devrait rendre sa décision dans les prochains jours.

Le document obtenu par La Presse est une note d'information adressée au commissaire de la GRC, William Elliott . Intitulée : «Député plainte de vol «, cette note parle d'une somme de 30 000$ qui aurait été détournée par un député. Tous les noms, dont celui du plaignant, ont été effacés. Seul le mot «Casey» apparaît dans le numéro de dossier, à la dernière page.

Aux élections de l'automne dernier, M. Casey s'est présenté comme candidat indépendant et a gagné facilement le siège de CumberlandColchesterMusquodoboit Valley, en Nouvelle-Écosse, une circonscription qu'il représente depuis plus de 20 ans. Son adversaire conservateur était Joel Bernard, un assistant du ministre de la Sécurité publique d'alors, Stockwell Day.

«La première chose que son équipe d'élections a faite lorsqu'il est arrivé dans ma circonscription a été de faire appel aux services de la GRC pour lancer cette accusation cruelle à mon endroit «, a dénoncé M. Casey à la Chambre des communes, hier. La note au commissaire précise que l'enquête n'a pas été menée, faute d'informations suffisantes, mais qu'elle «pourrait être rouverte si les circonstances le demandaient». Or, Bill Casey croit que ce n'est pas un hasard que ce document soit rendu public maintenant, à peine quelques semaines après l'annonce de son retrait de la vie politique. Il entend maintenant retourner travailler en finances, dans le secteur privé. «Qui sera à l'aise de venir dans mon bureau?» a-t-il lancé lors d'un plaidoyer émotif à la Chambre. «En ce qui me concerne, c'est de la diffamation de la pire espèce.»

Le PC nie tout

La GRC a refusé de commenter l'affaire, hier, tandis que le Parti conservateur a nié toute implication. « Le Parti conservateur n'a jamais eu aucune question à propos des transactions financières impliquant Bill Casey, sa réélection ou son ancienne association de circonscription», a déclaré le porte-parole du parti, Ryan Sparrow. Sous le couvert de l'anonymat, une source conservatrice a ajouté que la plainte avait été faite par un membre local du parti, et non par un membre de l'association locale ou un candidat. M. Casey a quant à lui expliqué que le 30 000$ était la somme que son association avait placée dans un compte créé en vue d'éventuelles élections. Or, le député a affirmé qu'il a retourné cet argent dès que Stephen Harper a annoncé que quelqu'un d'autre porterait

l'étendard conservateur dans cette circonscription.

Atteinte au privilège

C 'est au prés ident de la Chambre que reviendra la délicate décision de confier ou non cette affaire aux parlementaires. S'il accepte, l'étude serait menée par un comité de la Chambre, qui serait chargé de déterminer s'il a eu atteinte au privilège d'un député. Ces privilèges incluent la capacité d'exercer les fonctions de parlementaire sans subir de contrainte, d'intimidation ou de diffamation. Une atteinte pourrait entraîner l'imposition

d'une amende, voire d'une peine de prison par la Chambre des communes.