Les griefs du Canada au sujet d'une clause protectionniste contenue dans le plan de relance de 820 milliards de dollars US proposé par l'administration Obama semblent avoir été entendus.

Le président Barack Obama a affirmé hier dans une entrevue accordée au réseau Fox News que la version finale du plan de relance doit être épurée de toute forme de protectionnisme afin de ne pas déclencher une guerre commerciale avec le Canada ou d'autres pays alliés des États-Unis. «Nous ne pouvons pas envoyer un message protect ionniste (dans notre plan de relance économique) «, a affirmé le nouveau président dans cette entrevue. Dans une autre ent revue, accordée au réseau ABC cette fois, Barack Obama a déclaré : «Nous devons nous assurer que toutes les clauses qui sont dans ce plan ne vont pas provoquer une guerre commerciale. « Le président américain a tenu ces propos alors que son plan de relance, adopté la semaine dernière par la Chambre des représentants et présentement à l'étude par le Sénat, inquiète grandement le Canada, l'Union européenne et l'Asie. Le gouvernement Harper a dit craindre que cette clause protectionniste, qui interdirait l'achat d'acier étranger pour des projets financés dans le cadre du plan de relance, ne provoque une flambée du protectionnisme à l'échelle de la planète, ce qui pourrait transformer la récession mondiale en dépression, comme

 

ce fut le cas dans les années 30. Les gens d'a ffaires américains ont aussi commencé à faire connaître leur inquiétude au sujet des retombées économiques aux États-Unis de cette clause protectionniste, dite «Buy American». Des leaders politiques à Washington, tant du côté des républicains que des démocrates, ont

commencé à s'élever aussi contre cette clause. C'est notamment le cas du leader démocrate à la Chambre

des représentants, Steny Hoyer, et du chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.

Impacts au Canada

Le Canada exporte 40% de son acier aux États-Unis. Au Québec, quelque 2000 emplois pourraient être menacés par cette clause, selon une coalition d'entreprises qui transforment l'acier. Cette question a de nouveau été au coeur des échanges à la Chambre des communes hier. Le premier ministre Stephen Harper a affirmé que les États-Unis renieront leur propre signature d'un accord conclu il y a à peine trois mois au sommet du G20 à Washington pour relancer l'économie mondiale si les autorités américaines refusent de biffer cette clause protectionniste. M. Harper a aussi soutenu que cette clause constitue le pire danger pour l'économie mondiale, déjà aux prises avec une sévère récession. «La plus grande menace idéologique en ce moment de l'histoire, c'est lamenace du protectionnisme. C'est le danger de ce plan qui est devant le Congrès américain et c'est la raison pour laquelle nous nous opposons à ces mesures. Nous avons l'intention d'encourager le libre-échange ici et partout dans le monde», a affirmé M. Harper. Le gouvernement Harper a d'ailleurs dû se défendre encore hier des attaques du Parti libéral qui l'accuse de s'être traîné les pieds dans ce dossier, qui domine les relations canado-américaines durant les premiers jours du mandat du nouveau président des États-Unis. Le critique libéral aux Affaires étrangères, Bob Rae, a soutenu que le Canada est engagé dans une véritable course contre la montre pour protéger des milliers d'emplois canadiens. «J'espère que ce n'est pas trop tard, mais la réalité politique, c'est que c'est clair qu'il y a beaucoup demomentum au Sénat pour une telle mesure. () C'est là où nous espérons que le président Obama va intervenir pour essayer de convaincre les gens de voir l'impact à long terme sur ce qu'ils sont en train de faire. Et ça, c'est la responsabilité de l'administration américaine», a dit M. Rae.