Les premiers ministres des provinces, les maires des grandes villes, les leaders autochtones et les partis de l'opposition ont énuméré à tour de rôle hier le remède qu'ils jugent nécessaire d'administrer à l'économie du pays pour limiter les dégâts de la récession qui frappe de plein fouet plusieurs entreprises et de nombreux travailleurs.

Des investissements massifs et rapides dans les infrastructures, de l'aide financière au secteur manufacturier et à l'industrie forestière, des mesures de soutien pour les travailleurs ayant perdu leurs emplois, la construction de logements abordables et des usines d'eau potable pour les peuples autochtones font partie des solutions proposées par les principaux intéressés hier à quelques heures du début de la conférence des premiers ministres.

 

Le premier ministre Stephen Harper reçoit ses homologues des provinces aujourd'hui dans la capitale fédérale afin de faire le point sur la situation économique qui se détériore rapidement au pays et discuter des mesures qui peuvent être prises de concert pour donner du tonus à l'économie.

Cette rencontre intervient alors que le gouvernement Harper est en train de mettre la touche finale à son budget qui sera déposé par le ministre des Finances Jim Flaherty le 27 janvier à la Chambre des communes. Ce budget, qui contiendrait des mesures évaluées à quelque 30 milliards de dollars pour stimuler l'économie, sera crucial pour l'avenir du gouvernement minoritaire conservateur de Stephen Harper. Le Parti libéral, le NPD et le Bloc québécois ont promis de voter contre ce budget s'il ne contient pas de mesures suffisantes pour soutenir l'économie.

Stephen Harper se verra donc présenter une véritable liste d'épicerie par ses homologues provinciaux. Geste sans précédent, les premiers ministres auront d'abord droit à une présentation de la part du gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, ce matin, au sujet de la situation économique du pays et les perspectives économiques mondiales. Le portrait risque d'être peu encourageant, selon des informations qui ont circulé hier, et pourrait forcer certains premiers ministres à limiter leur appétit parfois vorace durant ces rencontres pour obtenir le maximum de dollars d'Ottawa.

En outre, trois ministres influents du gouvernement Harper participeront à une partie de la rencontre, ont indiqué hier des proches collaborateurs de Stephen Harper. D'abord, le ministre des Finances Jim Flaherty expliquera certaines des mesures budgétaires qu'il prévoit pour créer des emplois. La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, exposera les mesures envisagées de soutien pour les travailleurs et les chômeurs. Enfin, le ministre des Transports, John Baird, doit faire le point sur les investissements dans les infrastructures au pays.

Avant de faire le point sur l'économie aujourd'hui, les premiers ministres ont rencontré hier soir cinq groupes autochtones pendant près de trois heures afin de discuter de leurs priorités en ces temps de récession économique.

Plus tôt en journée, les leaders autochtones ont fait savoir qu'ils voudraient voir 3 milliards dans le budget du 27 janvier pour répondre à leurs besoins. Le grand chef de l'Assemblée des Premières Nations, Phil Fontaine, a indiqué que cet argent pourrait servir à construire 87 000 logements d'un bout à l'autre du pays, dont 8000 pour le Québec. En outre, cette somme pourrait permettre enfin de construire et rénover des écoles dans les réserves et d'améliorer l'accès à l'eau potable, un problème inquiétant dans certaines communautés autochtones.

Réunis en après-midi pour discuter des dossiers communs, les premiers ministres des provinces ont pour leur part évoqué deux dossiers sur lesquels il semble y avoir unanimité. D'abord, les investissements du gouvernement fédéral dans les infrastructures doivent être réalisés plus rapidement pour stimuler l'économie. Ensuite, ils jugent mal avisé de réduire les impôts dans le prochain budget, comme l'a laissé entendre le ministre Flaherty.

«Nous croyons que baisser des impôts pour du monde qui ne travaille pas, ça n'a pas beaucoup d'effet. Il faut d'abord avoir, je pense, une préoccupation pour ceux qui se retrouveront en situation de chômage», a affirmé le premier ministre du Québec, Jean Charest.

Le premier ministre manitobain, Gary Doer, a pour sa part soutenu que s'il devait y avoir des réductions d'impôts dans le budget à venir, elles devraient être ciblées afin d'avoir un réel impact sur l'économie.

«Les baisses d'impôts ne devraient pas être un exercice de relations publiques. Elles devraient être ciblées dans des secteurs où elles peuvent faire une différence pour les Canadiens», a-t-il fait valoir.