Devant la fronde des trois partis de l'opposition, le gouvernement Harper a entrepris de travailler étroitement avec les libéraux de Michael Ignatieff afin d'assurer l'adoption de son prochain budget, qui doit contenir des mesures pour relancer l'économie canadienne, déjà en récession selon le diagnostic de la Banque du Canada.

Le premier ministre Stephen Harper a ainsi rencontré hier matin le nouveau chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, afin de discuter des mesures qu'il souhaite voir inclure dans le budget. Ce budget sera déposé le 27 janvier à la Chambre des communes par le ministre des Finances, Jim Flaherty, et fera l'objet d'un vote de confiance qui pourrait entraîner la chute du gouvernement conservateur minoritaire s'il n'obtient pas l'aval d'au moins un parti de l'opposition.

En outre, M. Flaherty doit rencontrer lundi à Ottawa deux députés libéraux, John McCallum et Scott Brison, afin d'obtenir leur son de cloche sur les investissements que devrait faire le gouvernement fédéral en ces temps de crise économique, selon ce que La Presse a appris vendredi.

«Nous voulons travailler étroitement avec les libéraux pour entendre leurs propositions en prévision du prochain budget», a affirmé une source conservatrice.

De toute évidence, cette opération charme auprès des libéraux vise à tourner la page sur l'acrimonie des dernières semaines provoquée par la mise à jour économique et financière du ministre Flaherty. Elle vise aussi à assurer une certaine forme de collaboration entre le gouvernement et l'opposition officielle de façon qu'un nombre suffisant de députés libéraux se prononcent en faveur du budget au moment du vote de confiance.

Dans une entrevue accordée au réseau TVA, jeudi, M. Harper a soutenu que le prochain budget contiendra un train de mesures pour stabiliser l'économie canadienne. «Nous aurons des mesures importantes pour la stabilité de l'économie tout entière, pour les consommateurs, pour les contribuables et aussi des mesures pour certains secteurs qui restent en difficulté. Mais en même temps, nous devons faire tout ça en nous assurant que les finances publiques du Canada vont revenir à l'équilibre à long terme», a dit M. Harper au chef d'antenne de TVA, Pierre Bruneau.

M. Harper a tendu une perche au chef libéral mardi, 24 heures avant qu'il ne soit confirmé dans ses nouvelles fonctions. Il l'a invité à discuter des dossiers parlementaires pressants, dont le prochain budget.

M. Harper a réitéré cette invitation mercredi, le jour de la nomination de M. Ignatieff à la tête du Parti libéral, au cours d'un appel téléphonique visant à le féliciter.

Peu de détails ont par ailleurs filtré de la rencontre d'hier entre MM. Harper et Ignatieff. Les porte-parole des deux hommes ont affirmé que la rencontre au bureau du premier ministre a été « très cordiale » et s'est déroulée de manière professionnelle. Cette rencontre a tout de même permis aux deux hommes d'aborder de front les défis auxquels fait face l'économie canadienne.

«Le premier ministre est prêt à examiner attentivement les propositions des partis de l'opposition et à les incorporer dans le prochain budget», a indiqué Dimitri Soudas, proche collaborateur de M. Harper

Un porte-parole de M. Ignatieff, Jean-François Del Torchio, a affirmé : «M. Ignatieff a clairement indiqué que la balle est dans le camp de M. Harper. Il doit présenter un plan économique crédible.»

Les trois partis de l'opposition menacent de voter contre le budget s'il ne contient pas de mesures suffisantes pour stimuler l'économie canadienne.

Si le budget est rejeté par les Communes, le gouvernement minoritaire de Stephen Harper sera défait. La gouverneure générale, Michaëlle Jean, devra alors convoquer les Canadiens aux urnes ou demander à la coalition composée du Parti libéral et du NPD, et soutenue par le Bloc québécois, de tenter de former un gouvernement.