Les choses se sont précipitées, dimanche, dans la saga du leadership du Parti libéral du Canada. L'un des trois candidats, Dominic LeBlanc, aurait pris la décision d'annoncer aujourd'hui qu'il se retire de la course et qu'il donne son appui à Michael Ignatieff. Le chef actuel, Stéphane Dion, pourrait de son côté démissionner de son poste dès lundi.

La journée a commencé sur les chapeaux de roues. En entrevue en matinée au réseau CTV, Bob Rae et Michael Ignatieff se sont dits favorables à l'élection d'un chef permanent au PLC avant la fin du mois de janvier, afin de remplacer Stéphane Dion. C'était la première fois que les deux rivaux de la course à la direction s'avançaient à ce point pour réclamer le départ du chef actuel.

Plus tard, une information a commencé à circuler voulant que le troisième candidat, Dominic LeBlanc, s'apprêterait à annoncer son retrait de la course. Son clan a refusé de le confirmer. Mais des sources bien informées ont tout de même confié que des discussions sérieuses avaient été entamées hier matin, après qu'un représentant du camp LeBlanc eut contacté un membre du camp Ignatieff pour lui signifier son intention de rendre sa position publique dans les 24 prochaines heures.

«Le pays et le parti ont besoin d'un chef libéral en place pour prendre la batte à l'approche d'un mois de janvier qui s'annonce turbulent, a confié un stratège du clan LeBlanc. Il serait insensé de laisser le leadership en plan pendant cette période critique.»

La Presse a appris qu'en soirée, Justin Trudeau, un supporter de Dominic LeBlanc, avait joint les rangs de Michael Ignatieff, de même que Denis Coderre, qui n'avait jusqu'ici pas encore choisi son camp.

Dion : d'ici mercredi?

Or, tant que Stéphane Dion n'aura pas annoncé ses intentions, la question de son remplacement restera en suspens.

Le réseau CTV a rapporté tard dimanche soir que M. Dion s'apprêterait à annoncer sa démission aussi tôt que lundi. D'autres sources ont dit à La Presse qu'il attendrait plutôt jusqu'à mardi. La Presse Canadienne parlait pour sa part de mercredi...

Si M. Dion démissionne d'ici à la réunion du caucus libéral de mercredi, comme de plus en plus de libéraux le croient, les députés et sénateurs devront alors nommer un nouveau chef intérimaire, tel que prévu par les règles du parti. L'une des possibilités serait de nommer Michael Ignatieff sur-le-champ en tant que chef intérimaire - c'est lui qui aurait actuellement le plus grand nombre d'appuis au caucus - et de confirmer son leadership par la suite à la convention prévue pour le 2 mai à Vancouver.

Mais cette possibilité ne plaît guère à Bob Rae. «Ce serait une erreur. Ce ne serait pas sage d'agir de la sorte. Je pense qu'il y aurait une énorme réaction au sein du parti», a mis en garde l'ancien premier ministre ontarien lors d'une entrevue en début de journée à l'émission Question Period, à CTV. Il a plutôt plaidé en faveur de l'élection d'un chef intérimaire, pendant que les trois candidats poursuiveent leur campagne.

La Presse Canadienne a rapporté que le clan Rae avait proposé à l'exécutif du parti en soirée d'établir un mécanisme qui permettrait à chaque membre du parti de faire connaître sa préférence par téléphone et par l'internet. Mais selon l'agence de presse, l'idée aurait reçu un accueil plutôt froid et des sources au sein des clans Ignatieff et LeBlanc remettaient en question la conformité de ce mécanisme avec la Constitution du Parti libéral. Le document prévoit en effet que les chefs permanents doivent être élus par des délégués, eux même élus par des membres du parti...