Qui l'eût cru? Passer une semaine suspendus aux lèvres des constitutionnalistes! Le temps d'un psychodrame fédéral, ces experts, qu'on imagine plus volontiers ensevelis sous les bouquins poussiéreux, sont devenus les vedettes instantanées d'une téléréalité dans laquelle Stephen Harper a bien failli se faire évincer du loft.

Ce sont donc les constitutionnalistes qui inaugurent notre rubrique «Grosse semaine pour...» bien que le vidéaste de Stéphane Dion ait été considéré parmi les finalistes.

Stéphane Beaulac, professeur à l'Université de Montréal, fait partie du groupe des constitutionnalistes subitement très convoités qui se sont fait réveiller à 6h30 du mat' par des journalistes au bord de la crise de nerfs. Il le dit d'emblée: ça faisait bien 10 ans - depuis le renvoi de la question de la sécession à la Cour suprême, en 1998 - qu'on n'avait pas vu crise plus juteuse. Il y a toujours quelque chose d'excitant à dire, nous dit M. Beaulac en évoquant la constitutionnalisation de l'Europe (hein?). Mais bon, rien pour écrire à sa mère.

Parlant de mère, celle de Stéphane Beaulac n'a pas manqué de se manifester... Pour dire à fiston que franchement, la prochaine fois, avant de passer à la télé, eh bien, il devrait s'assurer d'être mieux coiffé. Par courriel, les cousines, qui ne l'avaient pas vu depuis un bon bout de temps, se sont montrées plus indulgentes.

Hugo Cyr, de l'UQAM, a pour sa part dû passer sa semaine rasé de près et «plus maquillé que ma conjointe» pour les besoins de la télé.

Sébastien Grammond, autre homme de l'heure, a aussi fait feu partout, toute la semaine, notamment avec la précieuse collaboration de Caillou qui, à la maison, a réussi à retenir l'attention des petites Grammond, le temps d'une entrevue téléphonique avec Michel Désautels.

Ce n'est certes pas tous les jours, explique Sébastien Grammond, que l'Université d'Ottawa présente une conférence sur la Constitution et que ça devient un événement hautement sexy couru par 300 personnes. Pas tous les jours non plus qu'Hugo Cyr, de l'UQAM, reçoit des courriels de ses étudiants disant regretter qu'il n'y ait pas cours cette semaine en raison de la période d'examens. Pas toutes les semaines non plus que les constitutionnalistes s'envoient aussi frénétiquement des courriels tout fébriles.

Ces derniers jours, explique Stéphane Beaulac, les constitutionnalistes ont bien cogité sur un projet de lettre commune qu'ils devaient envoyer aux médias pour rendre compte du presque-consensus auquel ils étaient parvenus. La crise s'étant dénouée pour l'instant, les médias sont passés à un autre appel - il y a quand même une limite aux heures de théorie constitutionnelle que l'on peut asséner à un peuple - et l'envoi de la lettre est remis à janvier, à la reprise annoncée d'un autre 110% politique.

Le rideau est donc tombé sur Rideau Hall au moins jusqu'au 27 janvier, ce qui laisse à chacun le temps de réétudier son look avant la prochaine chicane.

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