John Manley, ancien vice-premier ministre et ex-ministre des Finances, est devenu le second libéral connu, hier, à demander ouvertement le départ de Stéphane Dion de son poste de chef de parti.

Dans une lettre au Globe and Mail, M. Manley a écrit que la première chose que les libéraux devraient faire à la suite de leur échec à renverser le gouvernement Harper, la semaine dernière, est de se doter d'un nouveau leader avant Noël.

 

«La notion que le public accepterait Stéphane Dion comme premier ministre, après avoir rejeté cette possibilité de manière non équivoque à peine quelques semaines avant était, au mieux, un délire», a lancé John Manley, qui pratique aujourd'hui le droit chez McCarthy Tétrault.

«Le nouveau chef devrait rapidement s'atteler à moderniser la structure du parti et à préparer un programme électoral, au cas où cela deviendrait nécessaire», a-t-il recommandé.

La lettre arrive au moment où les pressions s'accentuent sur Stéphane Dion pour qu'il cède sa place à un autre chef intérimaire. À la sortie du caucus, la semaine dernière, le député ontarien Jim Karygiannis avait été le premier à réclamer son départ. Depuis, députés, sénateurs et stratèges oeuvrent en coulisse pour élaborer un cadre de transition.

Mais selon des sources consultées par La Presse, hier, c'est davantage la question du successeur que celle du départ du chef actuel qui donne des maux de tête aux libéraux. La majorité du caucus appuie Michael Ignatieff dans la course au leadership engagée entre lui et deux autres candidats: Bob Rae et Dominic LeBlanc. Et en cas de démission de M. Dion, ce serait le caucus qui devrait arriver à un consensus pour trouver un autre chef intérimaire.

Or, si certains croient que M. LeBlanc pourrait être disposé à se ranger derrière M. Ignatieff pour mettre un terme aux divisions du parti, c'est différent pour Bob Rae, qui n'a d'autre choix que de miser sur la course au leadership, s'il espère devenir un jour chef du parti. Des libéraux vont jusqu'à dire qu'il s'accroche au concept d'une coalition dirigée par Stéphane Dion pour gagner du temps et de la visibilité.

Des pressions sont donc faites sur M. Rae pour qu'il rende les armes, mais pour l'instant, il semble peu disposé à accepter. Une attitude qui commence à irriter certains libéraux.

«En faisant la promotion d'une coalition avec Dion à sa tête, Bob Rae fait passer ses intérêts personnels avant ceux du parti. C'est un manque de jugement flagrant qui est en train de le disqualifier comme chef. Les libéraux jugeront sévèrement son égoïsme et son manque d'abnégation. Le parti est plus grand que l'ego de certains individus», a lancé à La Presse hier un stratège influent, qui a rappelé avoir assisté aux guerres Chrétien-Martin des dernières décennies.

Le PLC serait néanmoins en train d'examiner ses options pour devancer l'élection d'un nouveau chef libéral, qui doit avoir lieu le 2 mai. On s'attend à avoir plus de détails à ce sujet d'ici mercredi prochain. Les députés libéraux doivent alors se rencontrer à Ottawa. La réunion pourrait s'avérer décisive dans la carrière de Stéphane Dion.